Cultiver une Relation Saine avec la Nutrition (W. Manon Genêt)

Pilier de la performance, la nutrition est bien trop souvent sujet de nombreuses interrogations, d'incertitudes voire d'idées reçues totalement erronées. Alors, comment cultiver une relation saine avec son assiette lorsque l'on est sportif ? Manon Genêt et Marie Chavanes nous donnent quelques précieux conseils.

Sportifs : une relation parfois conflictuelle avec la nutrition 

L'alimentation est une problématique centrale pour les sportifs, qu'ils soient amateurs ou professionnels. Malheureusement, elle devient parfois un fardeau pour certains, qui développent une relation malsaine avec leur assiette. 

C'est ce qu'a vécu Manon Genêt au début de sa carrière de triathlète, lorsqu'elle décide de se faire accompagner par un professionnel aux méthodes non adaptées à son profil de sportive de haut niveau. On lui impose une restriction calorique, lui martelant qu'elle doit perdre plusieurs kilos pour optimiser ses performances. Elle qui avait toujours eu un rapport sain avec la nourriture commence à développer des troubles du comportement alimentaire. Elle surveille constamment son poids, n'ose pas augmenter les quantités malgré la dépense physique conséquente. 

Malheureusement, les résultats de cette collaboration ne sont pas à la hauteur : contre-performances, blessures, dérèglements hormonaux... Le corps de Manon dit "stop". Malgré tout, elle ne parvient pas à se détacher des idées désormais implantées dans son esprit. Seul un burn-out et l'accompagnement vers la reconstruction qui a suivi lui ont permis de retrouver un rapport sain à son alimentation. 

L'histoire de Manon est tristement banale dans le sport de haut niveau. C'est la raison pour laquelle il est important de savoir s'entourer de professionnels bienveillants et d'être au clair avec ses attentes personnelles afin de ne pas tomber dans le piège de la restriction alimentaire. 

L'alimentation sportive : l'importance du poids de forme 

La composition de l'assiette du sportif s'articule autour de ce que l'on appelle le poids de forme. Ce dernier est le poids auquel un athlète se sent en forme, performant, avec un haut niveau d'énergie. Il ne tombe pas ou peu malade, dort bien et encaisse bien les charges d'entrainement. 

L'estimation du poids de forme est propre à chaque athlète et ne peut pas être réduite à un chiffre sur une balance. Il s'agit avant tout d'un véritable ressenti. S'il existe un delta trop important entre son poids de forme et son poids réel, il sera compliqué d'exprimer son plein potentiel à l'entrainement et de surcroît en compétition. 

Quelques signes peuvent vous alerter et signifier que vous êtes en dessous de votre poids de forme : 

- Une baisse de performance
- Des pulsions alimentaires presque incontrôlables
- Une irritabilité accrue
- Une fatigue omniprésente et des troubles du sommeil

Dans les cas les plus sérieux, quand les premiers signes ont été ignorés, on peut aller jusqu'à la blessure et constater des déséquilibres hormonaux, particulièrement chez les femmes avec notamment l'aménorrhée (absence de menstruation). 

Les bases d'une alimentation sportive saine 

L'assiette du sportif doit nécessairement être adaptée à sa pratique et à ses dépenses énergétiques. Il ne faut surtout pas diaboliser les glucides : ce sont eux qui seront votre carburant lors de l'effort. 

Concrètement, Marie Chavanes, experte nutrition chez Nutripure, conseille d'opter pour des proportions simples : 1/3 légumes, 1/3 glucides, 1/3 protéines. Les quantités doivent être laissées à l'appréciation de chacun. Il faut apprendre à s'écouter, à comprendre sa sensation de faim et a contrario celle de satiété. Cela peut nécessiter un accompagnement par un professionnel bienveillant. 

Il est possible d'adapter les apports en fonction de la place de l'entrainement dans une journée. On peut par exemple consommer davantage des glucides en amont, et opter pour un équilibre protéines / glucides à l'issue de la séance pour favoriser la récupération. 

Attention à ne pas tomber dans ce que l'on pourrait appeler "les effets de mode". Par exemple, il y a quelques années, on encourageait les athlètes à apprendre à fonctionner en utilisant les lipides comme source d'énergie. Aujourd'hui, on a abandonné cette vision au profit d'une surcharge glucidique couplée à un apport conséquent durant la compétition pour fournir au corps suffisamment de glucides jusqu'à la ligne d'arrivée. La meilleure option est de ne pas se laisser attirer par des extrêmes et de rester attentifs aux débats ainsi qu'à ses propres sensations. 

Chaque sportif est en effet unique et doit adapter son alimentation à ses singularités. Apprendre à se connaitre, savoir poser les bonnes questions et s'entourer intelligemment sont les meilleures bases pour construire un rapport sain et durable avec son assiette. 

 

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