Préparation physique : et si on arrêtait de croire qu’il n’y a qu’une seule bonne méthode ?
Dans le monde du sport, les vérités universelles sont parfois les pires ennemies du progrès. Vous avez sans doute déjà croisé un coach persuadé de détenir LA méthode. Celle qui fonctionne toujours, sur tout le monde, tout le temps. Sauf que voilà : la science du sport, ce n’est pas les maths. C’est beaucoup plus vivant, beaucoup plus humain… et parfois même un peu mystique.
Dans cet épisode Aurélien Broussal-Derval, préparateur physique de haut niveau et directeur des formations à la Fédération Française d’Haltérophilie Musculation, partage une vision rafraîchissante, humble et terriblement pertinente : non, il n’existe pas de vérité absolue en matière de prépa physique.
Et c’est tant mieux.
Chaque pays, sa méthode… et son biais culturel
Aurélien a travaillé avec des athlètes en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Russie, en Chine. Ce qu’il en a retiré ? Que les méthodes varient énormément d’un pays à l’autre, et que ces variations reflètent surtout des visions du monde. « En Russie, l’entraînement est vu comme une routine d’hygiène. En Occident, il doit être ludique. Et en Chine, on mise sur le volume. »
Autrement dit, la façon dont on prépare un corps dépend aussi — et surtout — du contexte social et culturel. Là où un Français voudra comprendre, varier, se challenger, un Russe assumera la répétition brute, et un Chinois acceptera la charge comme un chemin vers l’excellence.
“Le sport, ce n’est pas la F1 : on n’est pas dans l’ingénierie pure”
Dans un monde qui rêve de tout mesurer, tout objectiver, Aurélien apporte un contrepoids salvateur : « La préparation physique, c’est un artisanat. Ce n’est pas une équation qu’on balance à un athlète. »
Oui, les outils scientifiques sont utiles. Oui, les datas peuvent éclairer la pratique. Mais l’entraînement reste une affaire de ressenti, d’expérimentation, et parfois même de foi. On croit en un chemin, on le teste, on observe. Et on recommence.
C’est pour ça que, malgré la mondialisation, les plateformes de partage et les congrès internationaux, chaque école d’entraînement reste convaincue d’avoir raison. Mais dans le fond, tout le monde fait un peu pareil : il adapte ce qu’il peut à ses contraintes locales.
La bonne méthode ? Celle qui vous correspond.
C’est peut-être le message le plus important : ce qui marche pour vous ne marche pas forcément pour les autres. Et inversement. « Ce qui compte, ce n’est pas la méthode. C’est la régularité, l’adaptation, et la compréhension du contexte. »
Ceux qui réussissent ne sont pas toujours ceux qui suivent la méthode “parfaite”, mais ceux qui la mettent en cohérence avec leur vie, leurs sensations, leur psychologie. Un bon entraînement, c’est un entraînement qu’on comprend, qu’on accepte… et qu’on peut tenir sur le long terme.
Un entraînement, c’est un projet de vie
Aurélien propose une approche “mode projet” : on part de sa vraie vie (boulot, enfants, vacances, compétitions…) et on bâtit autour un plan cohérent. Ensuite, seulement, on fait entrer les outils scientifiques, les blocs d’intensité, les récupérations, etc. « Si tu fais que planter, planter, planter… mais que tu ne récoltes jamais, tu meurs de faim. »
C’est aussi simple — et aussi poétique — que ça. Il faut savoir ralentir pour laisser l’adaptation se faire. Intégrer les temps de décharge. Accepter la coupure. C’est ça, la vraie stratégie. Pas une suite d’intervalles calibrés au BPM près.
Ce qu’on retient ?
Que la meilleure méthode est celle qui tient compte de vous. Pas celle d’un influenceur. Pas celle d’un champion. La vôtre.
Et que s’il y a bien un dogme à déconstruire, c’est celui de la “seule bonne manière de faire”.
✅ Le sport n’est pas une science exacte.
✅ Il n’y a pas une vérité, mais une infinité d’ajustements.
✅ L’expertise, c’est d’apprendre à observer, tester, et corriger.
✅ Et surtout : ne vous enfermez jamais dans une chapelle.
Un petit pas pour l’athlétisme, un grand pas pour les femmes. Ce 5 août 1984, sous un soleil écrasant à Los Angeles, cinquante femmes s’élancent pour la première fois dans l’histoire olympique sur un marathon. Une image anodine aujourd’hui, mais à l’époque, un véritable séisme.