Entre passion et pression, la frontière est parfois très étroite.
Préparer un objectif sportif, c’est motivant, structurant… mais ça peut vite devenir étouffant. À force de tout vouloir contrôler — l’entraînement, le sommeil, l’alimentation, les pensées — certains coureurs finissent par transformer leur plan marathon en parcours du stress.

Dans cet épisode, Manon Vercouter, préparatrice mentale, nous apprend que le lâcher prise n’est pas une faiblesse… mais une compétence. Et peut-être même la plus grande forme de maîtrise. On vous explique comment courir mieux… en vous prenant un peu moins la tête.

Le syndrome du coureur (trop) organisé

Plan d'entraînement millimétré, nuits réglées comme du papier à musique, menus diététiques et sieste à heure fixe… Le coureur amateur d’aujourd’hui a des habitudes fixées, et c’est très bien — sauf quand ça devient un poids. « On déteste les imprévus, on aime tout contrôler. Mais cette organisation, si elle est poussée à l’extrême, peut générer de la fatigue mentale, voire une baisse de motivation », explique t-elle.

Lâcher prise CE n’est pas abandonner

Pas facile pour des passionnés de chrono d’accepter de relâcher le pied. D’où l’intérêt de redéfinir ce fameux “lâcher prise”. Manon Vercouter tranche : « Ce n’est pas un abandon ou un je-m’en-foutisme. C’est une forme de relativisation. C’est remettre les choses en perspective pour avancer plus sereinement. »

L’objectif ? Se reconnecter à l’instant présent. Ne plus se faire submerger par une montagne d’entraînements avant même de commencer à grimper. Et surtout, ne pas confondre contrôle et maîtrise : « Lâcher prise, c’est volontaire. C’est décidé. C’est, quelque part, la forme la plus aboutie du contrôle. »

Le futur, cet anxiogène de service

Regarder trop loin, c’est risquer de paniquer. Surtout quand on commence une prépa marathon.

Manon propose une alternative mentale simple mais puissante : décomposer l’objectif. “C’est comme une échelle : si les barreaux sont trop espacés, on ne peut pas grimper. Mais si on ajoute des petites étapes, tout devient plus accessible”

L’échec est un prof exigeant, mais juste

Et si rater une séance n’était pas un drame ? “Nous ne sommes pas des machines”, rappelle Manon. “Rater une séance, ce n’est pas échouer, c’est apprendre. Qu’est-ce que je retire de cet entraînement manqué ? Était-ce la fatigue ? Mon mental ? Mon environnement ?”

L’important, c’est de changer notre rapport à l’échec. Elle cite même Thomas Edison, qui n’a pas échoué mille fois, mais “trouvé mille façons de ne pas faire une ampoule”.

Respirer, écrire, ralentir : le kit de secours du coureur trop tendu

Concrètement, comment on fait pour décrocher un peu ? Voici les outils à garder sous la main :

Méditation de pleine conscience : pour revenir à l’instant présent.
Cohérence cardiaque : 5 secondes d’inspiration, 5 de blocage, 5 d’expiration, 5 de pause. À répéter pendant 3 à 5 minutes.
Marche afghane : respiration rythmée sur les pas.
Écriture ou vocal : sortir les idées de la tête, poser noir sur blanc ce qu’on ressent.
Miracle Morning : “écrire, méditer, s’étirer, se projeter… ça conditionne l’esprit dès le réveil”Lâcher Prise ET Runnin….

Et surtout : accepter qu’on ne peut pas être au top tout le temps. Prioriser, organiser, réorganiser. En bref : relativiser.

Se reconnecter à ses vraies raisons

Derrière le plan d’entraînement, il y a un objectif. Et derrière l’objectif, il y a une valeur. “Courir pour perdre du poids, pour se sentir bien, pour retrouver confiance, pour passer du temps seul… C’est ce qui doit vous driver quand la motivation flanche”

Revenir à ses fondamentaux, c’est peut-être ça, le plus beau lâcher prise.

Conclusion : moins contrôler pour mieux courir

Lâcher prise ne signifie pas renoncer. C’est s’offrir un peu d’air, un peu de recul, pour mieux avancer. Car en course comme dans la vie, c’est rarement en serrant les poings qu’on trouve l’équilibre.

Alors la prochaine fois que vous verrez une séance qui vous donne des sueurs froides… respirez.