Courir pour guérir : comment Matthis a transformé le deuil en moteur
Et si la course à pied pouvait être plus qu’un sport ? Et si, sous les kilomètres, se cachait parfois une histoire bien plus intime qu’un simple programme d’entraînement ? Pour Matthis Granet, l’ultra-trail n’est pas seulement un défi physique. C’est un chemin vers soi, une manière de donner un sens à l’absence, un moyen de faire vivre ceux qui ne sont plus là.
Le départ d’une course intérieure
À 10 ans, Matthis perd sa mère, emportée par un cancer. Une absence brutale, mais précédée de cinq années de lutte acharnée. Cinq années de traitements, de chimio, d’espoirs suspendus. Et, dans les souvenirs du jeune garçon, peu d’images de sa mère en bonne santé : « Je n’ai pas trop de souvenirs d’elle sans la maladie », confie-t-il.
Ce deuil, il ne va pas le fuir. Il va le transformer. Des années plus tard, quand il découvre le trail, Matthis se fixe un objectif fou : finir l’UTMB (Ultra-Trail du Mont-Blanc) en cinq ans, comme un miroir du combat de sa mère. « Elle s’est battue pendant cinq ans. Alors moi aussi, j’ai voulu me battre pendant cinq ans pour aller au bout. »
L’effort comme hommage
Chez Matthis, le dépassement de soi n’a rien d’accessoire. C’est presque un acte de mémoire. Dans les moments les plus durs des courses, il pense à elle. À ce qu’elle a enduré. À ceux qui souffrent ou ne peuvent plus courir. « Quand c’est dur, je relativise. Je me dis que j’ai de la chance d’être là, en bonne santé, à pratiquer ma passion. Je cours aussi pour ceux qui ne le peuvent plus. »
Pas de mélodrame. Juste une conscience aiguë du privilège de pouvoir s’élancer, respirer, souffrir volontairement — là où d’autres subissent.
La douleur qui rend vivant
Pour lui, aimer l’ultra, c’est un peu aimer souffrir. Parce que l’effort extrême révèle une intensité rare : « Quand c’est dur, que tes muscles crient d’arrêter, c’est là que tu te sens le plus vivant. »
Et c’est peut-être là le secret de ces longues heures passées à arpenter les crêtes : une manière de retrouver du sens, un rythme cardiaque au diapason de la mémoire, une épreuve choisie qui fait écho à une douleur subie.
Le mental forgé par la vie
On dit souvent que l’ultra-trail se joue dans la tête. Matthis en est la preuve vivante. « Les gens qui ont vécu des choses difficiles sont souvent plus forts mentalement. La vie les a déjà testés. »
La résilience, il la connaît. Et elle l’a rendu solide. Pas invincible — mais capable d’aller chercher en lui autre chose qu’un simple chrono. Une raison d’être en mouvement.
Plus qu’un coureur, un témoin
Si son parcours touche autant, c’est parce qu’il dépasse le cadre du sport. Il dit quelque chose de l’humain. De la manière dont certains transforment une perte en élan. Dont une ligne d’arrivée peut devenir un acte d’amour. « C’était un moyen de lui rendre hommage. Je pense qu’elle continue à être avec moi, un peu tous les jours. »
Ce qu’on retient ?
Que la course peut panser certaines blessures. Que le corps peut parler là où les mots manquent. Et que l’ultra-trail, dans sa démesure, peut être une magnifique réponse à l’absence.
Alors oui, ça peut sembler fou de courir pendant 30 heures dans les montagnes. Mais parfois, c’est la manière la plus simple de dire « merci ».
Et si la course à pied pouvait être plus qu’un sport ? Et si, sous les kilomètres, se cachait parfois une histoire bien plus intime qu’un simple programme d’entraînement ? Pour Matthis Granet, l’ultra-trail n’est pas seulement un défi physique. C’est un chemin vers soi, une manière de donner un sens à l’absence, un moyen de faire vivre ceux qui ne sont plus là.