Bracelet Power Balance : la plus grosse escroquerie du monde du sport ?

Dans le monde ultra compétitif du sport, les athlètes cherchent toujours le petit détail qui fera la différence. Alors quand des légendes du sport comme Cristiano Ronaldo, Fernando Alonso ou encore Kobe Bryant se mettent à vanter les effets d’un mystérieux bracelet, tous les sportifs entrent en effervescence. Au début des années 2000, le bracelet Power Balance a plongé le monde du sport dans une sorte d’hystérie collective. Mais comment expliquer qu'un simple bracelet en plastique, conçu en Chine pour une poignée de centimes, ait pu créer un tel séisme ?

Power Balance : aux origines d’un phénomène

 Tout à commencé en Californie au cœur de la Vallée d'Or . C’est sur la côte ouest que vit un certain John Rodarmel passionné de pierres et minéraux naturels. Après des études en psychologie, John décide de se lancer dans la lithothérapie.

Pour lancer son affaire, John opte pour la vente directe et commence à faire du portes à portes. Bien qu'il parvînt à vendre quelques pierres ici et là, les résultats ne sont pas à la hauteur de ses attentes.

S'il veut se développer, l’homme comprend vite qu'il doit repenser toute sa stratégie à commencer par le coût d’achat de ses matières premières. C'est là qu'il entend parler du mylar : un film polyester très utilisé dans l’industrie en raison de ses nombreuses propriétés : il est solide, léger, et résiste à l'humidité et aux rayons UV, mais aussi de son coût extrêmement faible. Pour John, c'était la solution idéale pour réduire ses coûts et donc booster sa marge. 

Il faut désormais qu’il peaufine ses techniques de marketing. Plutôt que perdre son énergie à s'adresser au grand public, il réalise qu’il serait beaucoup efficace de s’adresser à un marché de niche. C’est là qu'il a l’idée de se tourner vers les sportifs. Après tout, ces derniers sont toujours à la recherche d'innovations, d'astuces et de produits pouvant les aider à se surpasser.

John décide donc de parler de son projet à ses deux enfants, surfeurs réputés dans leurs régions. Il leur propose de les associer directement à cette aventure.

Les deux jeunes hommes, intrigués et enthousiasmés, acceptent la proposition de leur père. Quelques jours plus tard, ils apposent six pastilles de mylar à chaque coin de leurs planches de surf. Puis ils profitent de leur réseau pour vanter les mérites de ces pastilles sur tous les spots. La magie du bouche-à-oreille opère rapidement et les plages californiennes commencent à voir pulluler des petites pastilles de mylar holographique. Les surfeurs semblent tous subjugués par les propriétés des patchs.

Face au succès grandissant, pourquoi ne pas transformer les pastilles en un accessoire plus universel, susceptible d'intéresser tous les sportifs, quelles que soient leurs disciplines ? L'idée d'un bracelet s'impose à eux rapidement. Après tout, quoi de mieux qu'un accessoire que l'on peut porter à tout moment, avant, pendant et après l'effort ?

Le PowerBalance était né.

Power Balance : emballement populaire et médiatique

Face à la simplicité du bracelet, associée à l'aura mystique des pastilles de mylar, la magie opère très vite et en quelques mois seulement  l'accessoire devient incontournable chez les sportifs. 

Golfeurs, tennismen, marathoniens, footballeurs – tous voulaient essayer cette innovation.

La petite entreprise familiale se métamorphosa très rapidement en une compagnie redoutable. Elle réalise même un coup de maître en signant un contrat avec Shaquille O'Neal, une des plus grandes stars des années 2000 de la NBA! Avec une personnalité aussi influente portant fièrement le bracelet, le PowerBalance se propagea à une vitesse fulgurante.

Pour prouver l'efficacité du bracelet, les nouvelles équipes commerciales mettent en place un test musculaire facile à reproduire devant un potentiel acheteur. Dans le langage comercial on appel ça “l’idiot effect”. 

Ce test musculaire est très simple à réaliser et va littéralement booster les ventes du bracelet. Première étape : le client se tient debout, les bras levés en croix à l'horizontale et se met sur une jambe, avec un genou replié. Le vendeur appuie alors sur son bras : le cobaye perd l'équilibre. Deuxième étape : le cobaye enfile un bracelet magnétique et se remet en position « flamant rose ». Surprise : lorsque le vendeur appuie à nouveau sur son bras, le cobaye reste droit, comme par magie ! Selon les commerciaux, après ce texte 90% des clients achètent le bracelet !

Les États-Unis tombent litéralement sous le charme hypnotisant de l’hologramme . Les ventes explosent et les témoignages élogieux ne cessent d'affluer. La consécration arrive même en 2010 lorsque le média CNBC Sports décerna au PowerBalance le titre prestigieux de produit de l'Année". Une reconnaissance ultime pour John, Troy et Josh. 

Fin 2011, le succès du PowerBalance est tel qu’il ne se limite plus au monde du sport, les stars d'Hollywood l’affiche fièrement à leur poignet. Léonardo DiCaprio, Robert De Niro ou encore plus surprenant l'ancien président américain, Bill Clinton ! On le voit absolument partout !

La France n'échappe pas à la folie du Power Blance, en plus des équipes de cyclisme Bbox Bouygues Telecom ou l'équipe Caisse d'Épargne on le voit sur le poignet de Gael Monfils, Laurent Blanc et même Catherine Deneuve.

Derrière les paillettes : l’escroquerie

À mesure que 2011 touche à sa fin, le vent semble tourner pour le PowerBalance. La fascination collective qui avait envahi le monde commence à s'estomper peu à peu.

Derrière l'effervescence médiatique et la frénésie marketing, une vague de scepticisme se fait de plus en plus entendre.

Nombreux sont les scientifiques et les experts de la santé ne croient absolument pas au pouvoir du PowerBalance. L'École des sciences de la santé du RMIT décide même de lancer une première étude scientifique. Ils ne trouvent absolument aucune preuve tangible que le Power Balance apporte de quelconques bénéfices.

En résumé, les experts sont tous unanimes pour expliquer que les effets ressentis par les porteurs du bracelet sont simplement dû à l'effet placebo. En d'autres termes, si les sportifs et autres porteurs du bracelet sentaient une amélioration de leurs performances ou de leur bien-être, cela est tout simplement  dû à leur croyance.

À mesure que les critiques s'intensifient, la machine juridique américaine se met en marche. De nombreuses associations de consommateurs portent plainte accusant PowerBalance de tromperie et de publicité mensongère.

La controverse s'est rapidement transformée en cauchemar juridique pour l'entreprise. Le coup de grâce arrive avec le verdict du tribunal qui a obligé l'entreprise à régler un montant astronomique de 57 millions de dollars pour dédommager les clients trompés. Un chiffre qui aurait pu signer la mort de l'entreprise.

La saga Power Balance nous offre quand même une leçon précieuse, particulièrement pour nous les coureurs. Dans un univers où la quête de performance est constante, il est facile de se laisser séduire par des promesses alléchantes, surtout quand celles-ci sont renforcées par le témoignages d'athlètes de haut niveaux. 


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