TROUBLES ALIMENTAIRES CHEZ LES Hommes ? POURQUOI ça explose ?
Muscles apparents, mental d’acier, zéro faille : les stéréotypes masculins ont la peau dure, surtout dans l’univers du sport. Et c’est précisément ce qui rend les troubles du comportement alimentaire (TCA) encore plus sournois chez les hommes.
Invisibles, minimisés, ils n’en sont pas moins réels. Dans cet article, on brise le silence – avec l’aide de Thomas Pouteau, ancien footballeur et témoin d’un mal souvent ignoré.
Un tabou bien viril
Dans l’imaginaire collectif, les TCA sont l’apanage des adolescentes en quête de minceur. Pourtant, les hommes aussi tombent dans l’engrenage de l’anorexie, de la boulimie ou de l’hyperphagie. Mais leur mal-être est souvent moins détecté, moins reconnu, moins pris en charge. « En tant qu’homme, c’est encore plus compliqué d’en parler. Il y a une honte inhérente à cette maladie », confie Thomas Pouteau, auteur de “Je reviens d’une anorexie : et comment j’ai relevé ce défi “
Et pour cause : le TCA chez les hommes va souvent à contre-courant des codes genrés. Être un homme, un sportif, c’est être fort, robuste, affamé de performance. Pas « fragile », pas « malade », encore moins en difficulté avec la nourriture ou l’image de soi.
Le corps comme outil de dissimulation
Le sport devient alors le camouflage parfait. Les repas sautés, les calories traquées, les vomissements cachés… tout cela peut se faire dans l’ombre de la rigueur sportive. « Je mangeais normalement devant les autres, mais seul, je sautais les repas. Mon corps parlait à ma place », raconte Thomas.
Certains vêtements amples masquent une maigreur alarmante. Le surentraînement devient un mode de vie. Et tant que la performance est là, personne ne s’alarme. C’est ce que Thomas appelle le « piège de la réussite visible » : « Peu importe les dégâts, si les résultats suivent, on ne remet rien en question. »
Pourquoi les signaux sont-ils ignorés ?
Il y a plusieurs facteurs :
Les stéréotypes de genre : les hommes seraient naturellement à l’abri de ce type de trouble. C’est faux, mais encore trop ancré dans les mentalités.
La culture sportive : elle valorise le contrôle du corps, la discipline, la privation. Le TCA se fond dans ce décor.
Le manque de formation des pros : médecins, psy, entraîneurs… peu sont sensibilisés aux TCA masculins. « J’ai consulté plusieurs professionnels, aucun ne s’est inquiété. Pourtant, j’étais à 40 kg pour 1m80 », se souvient Thomas.
Une pression pas si différente de celle du monde du travail
Dans son témoignage, Thomas compare le monde du sport à celui de l’entreprise : « C’est la même course à la performance. Il faut battre ses temps, exploser les chiffres, se dépasser en permanence. Cette pression constante peut mener à l’autodestruction. »
Et cette logique du « toujours plus » pousse certains à vouloir contrôler l’incontrôlable : leur corps, leur alimentation, leur poids. Avec, parfois, des conséquences dramatiques.
Repenser la santé mentale des hommes sportifs
La première étape, c’est parler. Sortir du silence, briser le mythe. Les hommes aussi peuvent – et doivent – être inclus dans les campagnes de prévention sur les TCA. Ils doivent aussi être pris au sérieux par le corps médical. Parce que la maigreur extrême, la surmusculation compulsive, les comportements alimentaires rigides ne sont pas « normaux » sous prétexte qu’ils concernent un athlète.
Il est urgent de former les entraîneurs, les médecins du sport, les psychologues à cette réalité.
Un signal d’alerte… visible
Ironie cruelle : le corps des personnes atteintes d’un TCA finit par crier ce que les mots n’osent pas dire. « Je ne m’exprimais pas, mais mon corps le faisait pour moi », résume Thomas.
Un corps trop maigre, trop musclé, trop fatigué : il n’y a parfois rien de plus visible que le mal-être. Encore faut-il savoir l’écouter.
Témoigner pour que ça change
Aujourd’hui, Sarah parle. Pour que ce qu’elle a vécu n’arrive plus. Pour que l’on entende, derrière chaque médaille, les voix qui ne s’expriment qu’à demi-mot. Pour que le corps ne soit plus un champ de bataille, mais un partenaire de performance, respecté et écouté.
Muscles apparents, mental d’acier, zéro faille : les stéréotypes masculins ont la peau dure, surtout dans l’univers du sport. Et c’est précisément ce qui rend les troubles du comportement alimentaire (TCA) encore plus sournois chez les hommes.
Invisibles, minimisés, ils n’en sont pas moins réels. Dans cet article, on brise le silence – avec l’aide de Thomas Pouteau, ancien footballeur et témoin d’un mal souvent ignoré.