5 signes que tu es un coureur perfectionniste (et pourquoi ça freine ta progression)
Vouloir bien faire, viser haut, respecter son plan à la lettre. Sur le papier, ça ressemble au portrait-robot du coureur sérieux et discipliné. Dans la réalité, c’est parfois exactement l’inverse.
Car derrière cette quête de perfection peut se cacher un mécanisme beaucoup plus sournois, capable de freiner la progression, d’user le mental et, à terme, de transformer le plaisir de courir en contrainte.
Le perfectionnisme est l’un des problèmes les plus sous-estimés chez les coureurs amateurs. Plus discret que la blessure, moins visible que le manque de motivation, mais tout aussi destructeur. Et souvent, on ne s’en rend même pas compte.
Alors comment savoir si ton exigence est saine… ou si elle a basculé du mauvais côté ? La psychologie du sport identifie cinq signaux très clairs.
Le perfectionnisme : quand viser l’excellence devient une peur déguisée
Longtemps, le perfectionnisme a été vu comme une qualité. Un trait presque valorisant. Pourtant, dès les années 1990, les psychologues canadiens Paul Hewitt et Gordon Flett ont montré que le perfectionnisme n’est pas un bloc homogène, mais un phénomène multidimensionnel.
Ils distinguent notamment :
des standards élevés auto-imposés, parfois moteurs de progression ;
une peur du jugement, liée au regard des autres ;
une autocritique destructrice, cette petite voix intérieure qui répète que ce n’est jamais assez bien.
Cette distinction permet de séparer un perfectionnisme adaptatif, structurant et flexible, d’un perfectionnisme dysfonctionnel, rigide et anxiogène. Le premier construit. Le second épuise.
Et en course à pied, sport individuel, mesurable et ultra-datafié, le terrain est particulièrement fertile.
Signe n°1 : tu refuses de rater une séance
Petit rhume, mauvaise nuit, fatigue accumulée, douleur suspecte… mais le plan indique 10 × 400 m, alors ce sera 10 × 400 m.
Adapter devient synonyme d’échec.
Ce n’est plus de la discipline, c’est de la rigidité. Chez le coureur perfectionniste, l’intolérance à l’imperfection est forte : modifier une séance revient à « mal faire ». Le problème, c’est que l’entraînement n’est pas une checklist, mais un processus d’adaptation biologique.
Plus tu cherches à respecter ton plan à tout prix, moins ton corps encaisse la charge. Les meilleurs athlètes l’ont compris : ils savent écouter, ajuster, parfois annuler. La flexibilité est une force.
Signe n°2 : chaque séance devient un test
Sortie facile ? Pas vraiment. Dans ta tête, c’est déjà une évaluation.
Allure, fréquence cardiaque, puissance, sensations : la montre devient jury d’examen.
Ce fonctionnement repose sur un biais bien connu : l’estime de soi conditionnelle à la performance. Ta valeur dépend de ce que tu produis, pas de ce que tu es.
🎯 Résultat : tu veux performer tous les jours… et tu finis par moins bien performer le jour J 5 signes perfectioniste.
Physiologiquement, le stress augmente, le cortisol grimpe, la récupération baisse. C’est ce que les chercheurs appellent la charge invisible : trop intense pour récupérer, pas assez ciblée pour progresser.
Signe n°3 : tu rumines après l’entraînement
« La séance était bien, mais… »
Et après ce mais, tout y passe.
Ici, on ne parle plus d’analyse, mais de rumination. Une boucle mentale où tu rejoues la séance uniquement pour pointer ce qui n’a pas été parfait. Les recherches montrent une suractivation des zones cérébrales sensibles à l’erreur, notamment le cortex cingulaire antérieur 5 signes perfectioniste.
🎯 Résultat : stress, fatigue mentale, difficulté à décrocher… même sous la douche.
Les athlètes de haut niveau travaillent justement l’inverse : des temps de déconnexion mentale, d’autres centres d’intérêt, et une capacité à fermer le dossier après l’entraînement. Analyser fait progresser. Ruminer épuise.
Signe n°4 : tu ne prends plus de plaisir quand tu ne performes pas
Au départ, tu courais pour t’évader. Puis, sans t’en rendre compte, tu as commencé à courir pour être validé : par la montre, le plan, Strava.
En psychologie du sport, on parle de contingence du plaisir : le cerveau n’associe le plaisir à la course que si les chiffres sont bons. Sinon, frustration, voire dévalorisation 5 signes perfectioniste.
Le problème ? Le plaisir n’est pas un bonus. C’est un carburant physiologique. Quand il disparaît, la progression finit toujours par suivre le même chemin.
Signe n°5 : ton corps tire la sonnette d’alarme
Fatigue persistante, blessures à répétition, sommeil haché, tensions, irritabilité.
Ici, ce n’est plus ton mental qui parle, c’est ton corps.
Le perfectionnisme maintient le système de stress en hyperactivation. La récupération nerveuse ralentit, le système immunitaire se fragilise. Le cerveau consomme énormément d’énergie pour tout contrôler, jusqu’à épuiser l’organisme.
Le message est clair : ton corps n’est pas ton ennemi, c’est ton indicateur le plus fiable.
Bonne nouvelle : le perfectionnisme se travaille
Le perfectionnisme n’est pas une fatalité. C’est un système de pensée, et comme tout système, il peut évoluer.
Les approches en psychologie du sport visent notamment à :
accepter l’imperfection comme partie intégrante du processus ;
redonner de la valeur aux sensations, pas seulement aux données ;
apprendre à adapter plutôt qu’à contrôler ;
et, si besoin, se faire accompagner par un professionnel.
Demander de l’aide n’est pas un aveu de faiblesse. C’est souvent le premier pas vers plus de sérénité… et paradoxalement, de meilleures performances.
Parce que la course à pied est censée améliorer ta santé, pas la fragiliser. Et courir devrait rester ce que c’était au départ : un espace de liberté, pas un tribunal permanent.
Vouloir bien faire, s’entraîner sérieusement, respecter son plan à la lettre. Sur le papier, ça ressemble au coureur idéal. En réalité, c’est parfois exactement l’inverse.
Dans cet épisode, on s’intéresse à un piège mental très répandu chez les coureurs amateurs et pourtant rarement identifié : le perfectionnisme.