Quel est Le physique parfait d’un marathonien ?

Il y a quelques semaines, le Marathon de Paris rassemblait des milliers de coureurs sur les pavés de la capitale. Entre les silhouettes affûtées des élites et la diversité des gabarits croisés dans le peloton, une question s’est naturellement imposée : existe-t-il un physique idéal pour courir un marathon ? Une interrogation qui traverse l’esprit de nombreux coureurs — entre fantasme du corps "taillé pour la perf", clichés du marathonien filiforme et parfois, quelques complexes devant le miroir.

Pour y voir plus clair, nous avons échangé avec Tristan Pawlak, coach, triathlète et cofondateur de Campus Coach. Expert en entraînement et en biomécanique, il nous aide à décrypter ce qui fait — ou non — le "physique parfait" du marathonien.

Idées reçues VS réalité biomécanique

Quand on évoque le « physique parfait » pour courir un marathon, une image s’impose : coureur élancé, ultra-sec, léger comme une plume. Et des mollets de coq en bonus. Mais est-ce vraiment ce qui fait la performance ?

Tristan Pawlak, entraîneur spécialisé en course à pied et cofondateur de Campus Coach, répond sans détour : « La morphologie, ce n’est qu’un curseur parmi d’autres. »

Crédit : Schneider Electric Marathon

Anatomie d’un marathonien (presque) parfait

Sur le plan biomécanique, certains traits semblent tout de même favoriser la performance sur 42,195 km, selon Tristan Pawlak :

  • Un buste court et des jambes longues : pour maximiser la foulée.

  • Des tibias plus longs que les fémurs : amélioration du levier de propulsion.

  • Des mollets courts et des tendons d’Achille longs : meilleure restitution d’énergie élastique.

  • Un centre de gravité bien placé : moins de masse en périphérie = meilleure économie de course.

  • Des hanches étroites : pour limiter les mouvements parasites à chaque impact.

En clair, ce qui compte, c’est la mécanique. « Un muscle tire sur un tendon, un tendon tire sur un os. C’est de la pure physique », résume Tristan.

Le rôle-clé du rebond élastique

Le marathon se court à une allure stable et soutenue. Pour tenir, il faut minimiser les pertes d’énergie. Et c’est là qu’un bon renvoi élastique entre en jeu. Grâce à des tendons longs et raides (comme le tendon d’Achille), un coureur peut récupérer jusqu’à 50 % de l’énergie produite à chaque foulée. « Avoir des tendons longs et des muscles courts, c’est un vrai avantage mécanique pour le marathon », explique Tristan. Voilà pourquoi certains marathoniens élites ont l’air légers… et efficaces.

Les champions sont-ils tous pareils ?

Spoiler : non. Prenons trois stars du marathon mondial :

  • Kenenisa Bekele : 1m63, 56 kg, IMC : 21.1

  • Eliud Kipchoge : 1m67, 57 kg, IMC : 20.4

  • Florian Carvalho : 1m83, 70 kg, IMC : 20.9

Trois morphologies différentes, trois performances de très haut niveau. Ce qu’ils ont en commun ? Des segmentations corporelles efficaces : longues jambes, centre de gravité optimisé, mollets courts.« Même si Florian Carvalho est un peu moins “extrême” morphologiquement, il court sous les 2h10. Ce n’est pas un hasard », explique Tristan.

Crédit : Le Bulletin des Communes

L’IMC, un faux ami ?

Si vous pensez que la maigreur est synonyme de vitesse, détrompez-vous. Aucun des athlètes cités n’a un IMC en dessous de 18,5 (seuil de la maigreur selon l’OMS). Et pour cause : « Pour produire de la force, il faut du muscle. Et le muscle, ça pèse », rappelle Tristan.

Il insiste : « Être trop sec augmente le risque de blessure. Certains athlètes très performants, comme Jakob Ingebrigtsen, ont un IMC relativement élevé, et pourtant ils durent dans le temps. ».

Et si vous n’avez pas “le physique”...

Pas de panique. « Le physique parfait, c’est un bon départ. Mais ce n’est pas suffisant », martèle Tristan. La performance en course à pied dépend aussi de dizaines d'autres facteurs : régularité, entraînement, mental, expérience, récupération, nutrition…

À retenir

  • Le marathonien “parfait” a une morphologie optimisée pour l’économie d’énergie, mais ce n’est pas une condition sine qua non de performance.

  • L’efficacité mécanique (tendons longs, centre de gravité bien placé) joue un rôle clé, surtout à haut niveau.

  • Aucun champion n’est en “maigreur” selon l’IMC. Au contraire, être trop sec augmente les risques de blessure.

  • La morphologie est un atout, pas un destin. Travail, plaisir et régularité font bien plus que quelques centimètres de tibia en plus.



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