La Morphologie Parfaite du Coureur : ce que la science nous apprend (Route, Trail, Piste).
Vous vous êtes déjà demandé à quoi ressemble le corps idéal pour courir ? Est-ce qu’il faut être sec comme un haricot vert, avoir des mollets de coq et des pieds de poupée pour performer sur route, trail ou piste ? Dans cet épisode passionnant, Tristan Pawlak, coach et spécialiste des sports d’endurance, démonte les stéréotypes et nous emmène dans une exploration ludique mais scientifique de la morphologie du coureur.
Morphologie, un avantage parmi d’autres
Tristan prévient dès le départ : la morphologie n’est qu’un curseur parmi des centaines qui composent la performance. Elle peut donner un coup de pouce, surtout au très haut niveau, mais elle ne fait jamais tout. « La performance, c’est des dizaines, des centaines de curseurs qu’il faut essayer de pousser petit à petit. »
Si vous débutez, inutile de mesurer vos tendons à l’équerre : vous avez d’autres leviers à actionner avant ça.
Ce que la morphologie dit vraiment
Le terme “morphologie” couvre un ensemble de critères : longueur des os, insertions tendineuses, rapport muscle/tendon, masse grasse, volume musculaire… Certains sont innés (merci la génétique), d’autres acquis (merci l’entraînement).
👉 Inné : squelette, points d’insertion des tendons, rapport longueur muscle/tendon.
👉 Acquis : masse musculaire, raideur des tendons, composition corporelle.
Donc oui, on peut façonner son corps, dans une certaine mesure. Et bonne nouvelle, commencer tard ne condamne pas à la médiocrité. Il faut juste savoir où se situent vos leviers.
Le marathon : vive les ressorts
Ici, ce qui compte, c’est la capacité de rebond, donc la restitution d’énergie élastique. Les meilleurs marathoniens présentent souvent :
des jambes longues (surtout les tibias),
des muscles courts et tendons longs (notamment le tendon d’Achille),
un tronc court, des hanches étroites,
un haut du corps peu développé.
« En moyenne, 40 à 50 % des besoins énergétiques sont pris en charge par le renvoi élastique. »
C’est pour ça qu’on parle tant des fameux « mollets de coc » : petits mais puissants.
Le trail : plus costaud, moins rebondissant
Plus de dénivelé = plus de travail musculaire pur, moins d’élasticité passive. Un trailer a intérêt à avoir :
des muscles plus longs et puissants,
un buste un peu plus long (utile pour la montée),
un physique plus “compact” et solide pour encaisser.
Sur des distances ultra, l’intérêt du rebond diminue encore. La résistance à la fatigue, la technique et la force mentale prennent le relais.
La piste : puissance et amplitude
Sur 1500m ou 5000m, les coureurs sont souvent :
plus grands (Jacob Ingebrigtsen mesure 1m85),
plus musclés que leurs homologues du marathon,
mais toujours très affûtés.
Ici, une grande foulée bien contrôlée fait la différence. Mais cette puissance a un coût énergétique, d’où l’équilibre délicat entre masse et rendement.
L’IMC : indicateur à relativiser
L’Indice de Masse Corporelle (IMC) est partout… mais pas toujours pertinent chez les sportifs. « L’IMC ne fait pas la différence entre muscle et masse grasse. »
Tous les champions analysés (Kipchoge, Bekele, Florian Carvalho, Ingebrigtsen...) ont un IMC situé entre 19 et 21, bien au-dessus du seuil de “maigreur” fixé à 18,5. Conclusion ? Être trop maigre n’est pas un gage de performance, et peut même augmenter le risque de blessure.
Et si on ne “coche” aucune case ?
Pas de panique. La morphologie idéale, c’est une affaire d’élite. Pour 99 % des coureurs, ce n’est ni une fatalité, ni une excuse. « Vous n’avez pas cet avantage, mais peut-être que vous avez d’autres avantages – physiques, cognitifs, physiologiques – qui vous permettront d’être très performant. »
Et surtout : mieux vaut un physique “moyen” mais un mental en acier, qu’un morphotype parfait sans discipline ni envie.
À retenir (et à répéter) :
✔️ La morphologie influence la performance… mais elle n’est jamais déterminante seule.
✔️ Certains traits sont génétiques, mais beaucoup s’acquièrent avec le temps.
✔️ Le running n’est pas réservé aux “petits maigres à mollets secs”.
✔️ Aucune morphologie ne vous empêche de progresser, de performer, de kiffer.
✔️ Il n’y a qu’un seul bon profil : celui qui se sent bien en courant.
Il y a quelques semaines, le Marathon de Paris rassemblait des milliers de coureurs sur les pavés de la capitale. Entre les silhouettes affûtées des élites et la diversité des gabarits croisés dans le peloton, une question s’est naturellement imposée : existe-t-il un physique idéal pour courir un marathon ?