Cycle Hivernal : tout ce que doit faire un Traileur pour progresser ! W. Arthur Joyeux-Bouillon & Gédéon

Lors de la semaine de l’UTMB, nous avons reçu au DLTDC Penthouse deux figures emblématiques du trail français : Arthur Joyeux-Bouillon et Gédéon Pochat. Deux athlètes aussi talentueux que discrets, unis par la même passion de la montagne et une conviction commune : l’hiver n’est pas une pause, mais une opportunité

À l’heure où beaucoup de coureurs lèvent le pied une fois la neige installée, eux continuent de s’entraîner, autrement. L’un jongle entre sa vie de jeune père et ses longues sorties à ski, l’autre alterne ski alpinisme et course à pied de haut niveau avec un sens aigu de la planification. Ensemble, ils livrent une vision lucide et inspirante de la préparation hivernale, entre rigueur, plaisir et respect de la montagne. 

📌Une émission proposée par Snowleader, à retrouver sur le podcast @danslateteduncoureur 

L’hiver, un autre terrain d’entraînement 

Depuis qu’il est papa, Arthur Joyeux-Bouillon voit son sport autrement : « Chaque sortie compte un peu plus. J’ai envie de les optimiser pour mieux profiter du temps passé avec mon fils. »    
Cette nouvelle perspective l’amène à envisager la période hivernale non pas comme un temps de repos, mais comme une variation d’intensité. « Pour moi, l’hiver, ce n’est pas une coupure. C’est une autre façon de travailler. Le ski de randonnée me permet de passer de longues heures dehors, de cumuler du dénivelé sans les impacts de la course à pied. C’est la période où je réalise le plus de volume de l’année. »  

Gédéon Pochat : la montagne comme fil conducteur  

Skieur alpiniste en hiver, coureur de montagne l’été, Gédéon Pochat se définit avant tout comme un homme de montagne. « Il y a quelques années, je menais les deux saisons de front. Puis j’ai privilégié le ski avant de revenir progressivement au trail. J’aime cette alternance : elle me maintient équilibré. Quand la neige arrive, je troque simplement les baskets pour les skis. » 

Cette double pratique exige une planification rigoureuse… et un équipement irréprochable. « On ne peut pas être à 100 % toute l’année. Il faut cibler ses objectifs et accepter que deux pics de forme annuels soient déjà ambitieux. » Car pour durer et performer dans deux disciplines aussi exigeantes, mieux vaut pouvoir compter sur du matériel fiable, adapté à chaque saison et à chaque terrain.  

Volume, endurance et vigilance  

Si le ski de randonnée offre un travail d’endurance remarquable, il peut aussi donner une fausse impression de facilité. « En ski, on peut enchaîner 4000 mètres de dénivelé sans douleur musculaire. Mais dès la reprise de la course à pied, les jambes ne suivent plus », explique Arthur Joyeux-Bouillon.  

Un déséquilibre que résume bien cette image : « Un moteur de Ferrari dans une carrosserie de Clio. Le système cardiovasculaire est prêt, mais les muscles et les articulations ne le sont pas. »   

👉 Pour y remédier, les deux athlètes conseillent de conserver une à deux séances de course à pied hebdomadaires durant l’hiver, même légères, afin de préserver les automatismes musculaires et proprioceptifs.   

Le ski de randonnée : une discipline exigeante  

L’engouement croissant des coureurs pour le ski de randonnée ne surprend pas Arthur Joyeux-Bouillon : 
« Beaucoup s’y mettent en voyant que les grands noms du trail : François D’Haene, Kilian Jornet, skient l’hiver. Mais ce n’est pas parce que l’on est performant en trail que l’on maîtrise la montagne en hiver. » 

Les deux athlètes insistent aussi sur l’importance de la sécurité. Avant de s’aventurer hors des sentiers balisés, il faut maîtriser les bases : savoir utiliser un détecteur de victimes d’avalanche, lire un bulletin météo et évaluer les risques. En hiver, plus que jamais, l’humilité reste essentielle. 

Une leçon que Gédéon Pochat a apprise à ses dépens. « Il y a deux ans, je me suis fait prendre dans une avalanche, raconte-t-il. Le risque était faible, un sur cinq. Il n’avait pas neigé depuis deux semaines… et pourtant. » 
Un rappel brutal : même pour les professionnels, la montagne ne se contrôle pas, elle se respecte. 

Le matériel, lui aussi, mérite réflexion : skis ni trop lourds ni trop légers, chaussures adaptées, vêtements techniques et couches multiples. « À 3000 mètres, le froid gagne toujours », souligne Arthur.  

L’hiver, entre liberté et rigueur  

Malgré leurs approches différentes, ils partagent la même philosophie : la liberté. L’hiver, chacun compose à sa manière. Certains s’appuient sur leurs sensations et la météo du jour, une journée claire appelle l’endurance, un temps plus rude invite à des séances plus courtes et intenses.   

D’autres préfèrent une organisation plus structurée, faite de travail au seuil, de PMA, de longues sorties et de renforcement. Au fond, l’objectif est le même : continuer à progresser sans perdre le plaisir.   

Et pour ceux qui s’entraînent loin des montagnes ?  

L’esprit de la préparation hivernale reste universel, même loin des sommets.  
Il ne s’agit pas de tout interrompre, mais d’adapter ses efforts : varier les surfaces, intégrer du renforcement musculaire, maintenir le lien avec la course à pied, même sur tapis.  

Arthur apprécie courir dans la neige : « Dix kilomètres dans la neige équivalent à vingt sur route. On sollicite des muscles différents, ceux de l’équilibre et de la stabilité. »  
Une approche exigeante, mais bénéfique : la neige devient un partenaire d’entraînement à part entière.  


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