Tor des Géants : Franco Collé, Victor Richard et Martin Perrier nous livrent une leçon de résilience !

3 jours, 330 km, 24 000 m de dénivelé positif et une seule constante : la montagne ne pardonne rien. Mais elle offre, à qui ose s’y confronter, un condensé brut d’humanité, de dépassement et de résilience.

Sur l’édition 2025 du Tor des Géants, trois figures se sont particulièrement illustrées : Victor Richard, vainqueur de la course, Martin Perrier, deuxième ex aequo après une arrivée main dans la main avec l’Italien Simone Corsini, et Franco Collé, véritable légende de l’épreuve, contraint à l’abandon après un problème de vision. Leurs témoignages dessinent le portrait d’un ultra-trail hors normes, où la performance se mêle à l’intime.

📌 Un épisode rendu possible grâce au soutien de Kailas FUGA

Martin Perrier : l’ultra comme quête intérieure

Ancien golfeur, passé par l’armée, Martin Perrier est tombé dans l’ultra presque par hasard. Mais le Tor est devenu son terrain d’expression privilégié. Quatre participations et toujours la même envie : « Je reviendrai chaque année pendant dix ans si nécessaire, parce que cette course me donne plus que n’importe quelle victoire », confie-t-il.

Pour Martin, l’ultra n’est pas une histoire de kilomètres avalés, mais une aventure humaine et spirituelle. Il raconte avoir couru en larmes de joie, serré dans les bras des bénévoles au milieu des refuges. « Mon objectif, c’était de garder le sourire pendant 76 heures », explique-t-il. Une philosophie simple, mais qui l’a porté jusqu’à la deuxième place, malgré une frustration sportive : « J’aurais pu accrocher Victor, mais ce n’était pas l’essentiel cette année. »

Victor Richard : gagner malgré l’imprévu

Côté vainqueur, l’histoire est presque surréaliste. Victor Richard, chronométreur de métier, père de deux enfants, plus de 40 heures de travail par semaine… et désormais vainqueur du Tor.

Pour lui, la clé réside dans la stratégie – surtout quand rien ne se passe comme prévu. « J’avais tout planifié, mais rien n’a fonctionné côté nutrition. J’ai tenu plus de 150 km quasiment sans manger », raconte-t-il. Une anomalie physiologique qui aurait pu le condamner… mais qu’il a transformée en victoire, avec un chrono de 66 h 08.

Le Franco-Belge insiste : ces distances ne sont pas une extension des 100 miles, mais un autre sport, avec ses propres codes. « Il faut une stratégie de sommeil, une gestion d’énergie et surtout une énorme part de résilience », tranche-t-il.

Franco Collé : la légende au cœur lourd

Difficile d’évoquer le Tor sans parler de Franco Collé. Quatre fois vainqueur (2014, 2018, 2021, 2023), il est l’âme de l’épreuve. Cette année, pourtant, le destin l’a rattrapé : un problème récurrent aux yeux l’a forcé à s’arrêter. « C’était mon dixième Tor, je voulais le conclure autrement… Pas forcément en gagnant, mais au moins en finissant », confie-t-il avec émotion.

Né dans la Vallée d’Aoste, Collé a vu le Tor passer devant sa porte avant de se lancer en 2012, sans préparation, inscrit par sa sœur. Dix éditions plus tard, il reste convaincu que ce n’est pas « le plus fort » qui gagne, mais « celui qui gère le mieux les obstacles ». Pour lui, cette course n’est pas de l’athlétisme pur : c’est une aventure humaine, « un voyage qui transforme ceux qui osent s’y confronter ».

Plus qu’une course, une école de vie

Ce que partagent Martin Perrier, Victor Richard et Franco Collé, c’est l’idée que le Tor dépasse le simple cadre sportif. On ne s’y aligne pas pour « cocher une case » ou briller au bureau le lundi matin. On y va pour se découvrir, pour apprendre à gérer l’imprévu, pour rencontrer la communauté montagnarde qui vit au rythme de la course.

« Ce n’est pas seulement une épreuve d’endurance, c’est une leçon de vie », résume Franco.
Et quand on voit trois athlètes de ce calibre – l’un triomphant malgré les vomissements, l’autre souriant malgré la douleur, le dernier lucide malgré l’abandon – on comprend que le Tor n’est pas qu’un ultra-trail : c’est une métaphore de la résilience.

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