Écologie : le vrai impact du running sur la planète ?

Courir est sans doute l’un des sports les plus simples qui soient : une paire de chaussures, un sentier ou une rue, et c’est parti. Mais cette apparente de légèreté masque-t-elle un impact plus lourd qu’il n’y paraît sur notre environnement ? Alors que la saison des courses bat son plein, Cléo et Emilie, journalistes, pour DLTDC Investigation se sont penchées sur une question aussi actuelle que complexe : le running est-il compatible avec l’écologie ?

Entre calculs d’empreinte carbone, pratiques individuelles, choix d’équipement et rôle des organisateurs, cet épisode décrypte avec précision l’impact environnemental réel de la course à pied.

Courir, oui, mais à quel prix pour la planète ?

L’empreinte carbone, c’est la quantité de gaz à effet de serre générée par nos activités. Elle se mesure en tonnes de CO2 équivalent. Pour respecter les objectifs climatiques de l’Accord de Paris, chacun devrait viser 2 tonnes par an.

👉 Actuellement, la moyenne en France tourne autour de 9,8 tonnes.

Mais qu’en est-il des coureurs ? Pour répondre à cette question, Émilie et Cléo ont fait appel à MyCO2, un outil développé par le cabinet Carbone 4, et ont modélisé trois profils de coureurs urbains aux pratiques différentes.

Trois coureurs, trois empreintes carbone

Voici les résultats de leur simulation :

  • Coureur 1 : sorties régulières dans son quartier, pas de déplacement, consomme peu d’équipement, mange de la viande. → 4,77 tonnes de CO2

  • Coureur 2 : déplacements en train pour deux courses, végétarien, peu d’achats. → 2,83 tonnes

  • Coureur 3 : athlète professionnel, stage au Kenya, compétitions internationales, nombreux équipements reçus via sponsoring, alimentation carnée. → 10,13 tonnes

Le principal facteur d’émission ? Les trajets en avion, comme le rappelle Romain Ledoux, directeur de MyCO2 : « Un simple vol pour un marathon international peut suffire à doubler votre empreinte carbone annuelle. »

Équipement : pas si anodin que ça

Si l'on court souvent pour se sentir plus léger, nos chaussures, elles, pèsent sur le climat. Une paire de running, c’est en moyenne 7 à 14 kg de CO2, en fonction des matériaux, du processus de fabrication et de la logistique. Les textiles (t-shirts, shorts, vestes) varient entre 4 et 10 kg par pièce.

D’après une étude menée par Decathlon, l’équipement représente environ 13 % de l’impact annuel d’un coureur.

L’enjeu ? Moins dans le choix des matières que dans la durée de vie des produits. Mieux vaut une paire robuste qu’un modèle ultra-technique à renouveler tous les deux mois.

Le dilemme des coureurs professionnels

Difficile, quand courir est son métier, d’éviter les déplacements ou les tenues multiples. Certains athlètes essaient pourtant de concilier performance et engagement environnemental. C’est le cas du collectif Les Climato-sportifs, fondé en 2023, qui milite pour une pratique sportive plus durable.

Younes Neza, sprinter et cofondateur du collectif, insiste : « On pense que le sport peut être un vrai levier d’action pour la transition écologique. »

💡 Le collectif promeut une charte de bonnes pratiques (transport, alimentation, équipement) et propose des outils pour sensibiliser les sportifs… sans chercher à culpabiliser.

Et les courses dans tout ça ?

Participer à une course, c’est aussi multiplier les déplacements, les ravitaillements, les équipements jetables… L’UTMB, l’un des plus grands événements trail au monde, en est bien conscient : 98 % de son empreinte carbone provient des transports, avec un total de 18 600 tonnes de CO2 en 2024.

Pour tenter d’inverser la tendance, l’organisation a mis en place plusieurs mesures :

  • Contribution carbone volontaire (bientôt obligatoire)

  • Bonus au tirage au sort pour les coureurs utilisant des moyens de transport bas-carbone

  • Collaboration avec les collectivités pour repenser la mobilité

Et la biodiversité, dans tout ça ?

Courir en pleine nature, c’est profiter de la beauté des paysages… mais aussi potentiellement déranger ceux qui y vivent. Christelle Baccage, du Conservatoire des espaces naturels de Haute-Savoie, rappelle que : « Chaque pas en dehors du sentier peut contribuer à l’érosion. Et multiplié par des centaines de coureurs, l’impact devient significatif. »

Les courses nocturnes posent aussi question : les frontales perturbent la faune, qui n’a plus aucun moment de quiétude. Même en ville, mieux vaut éviter les pics de pollution, tant pour la planète que pour nos poumons.

Crédit : Gmartine

Des gestes simples pour courir plus responsable

Voici quelques bonnes pratiques pour limiter son impact en tant que coureur :

  • Privilégier les déplacements en train ou covoiturage

  • Choisir un équipement durable et adapté à ses besoins

  • Éviter de courir hors sentiers, surtout en milieu naturel

  • Limiter les achats impulsifs de matériel technique

  • Réfléchir à l’impact d’une course avant de s’y inscrire

Vers une course à pied plus sobre ?

Certains organisateurs montrent l’exemple : ravitaillements sans bouteilles jetables, réduction du nombre de dossards, ou encore suppression du t-shirt finisher (une pièce qui, à elle seule, génère jusqu’à 6 kg de CO2). De plus en plus d’événements misent sur l’autonomie du coureur et la sobriété logistique, à l’image du Grand Raid du Finistère ou de la Grande Course du Grand Paris.

L’enjeu n’est pas de tout arrêter, mais de trouver un équilibre entre plaisir de courir et respect de l’environnement. Car si l’on souhaite encore arpenter les sentiers en 2050, il faut commencer à en prendre soin aujourd’hui.



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