le super-pouvoir (méconnu) de Kilian Jornet pour performer en ultra ?

On le voit souvent grimper des cols enneigés, avaler des kilomètres de sentiers ou gravir l’Everest en baskets légères. Mais le vrai super-pouvoir de Kilian Jornet ne se voit pas à l’œil nu. Il est tapi dans ses cellules, dans ses mitochondries, là où son corps devient une centrale à énergie ultra-adaptative.

Ce pouvoir, il l’a travaillé comme un art, on en parle dans cet article !

CONNAISSEZ-VOUS LA flexibilité métabolique ?

C’est la capacité du corps à changer de carburant selon la situation. En gros, savoir puiser dans les graisses quand l’effort est modéré, utiliser les glucides quand ça grimpe fort, et même recycler du lactate quand on pousse dans le rouge. Cette souplesse énergétique permet à l’organisme de mieux gérer l’intensité, de limiter les coups de mou… et de tenir très, très longtemps. « La flexibilité métabolique, ce n’est pas juste consommer des matières grasses. C’est être capable d’utiliser différentes sources d’énergie en même temps. »

Kilian parle d’un corps capable de « brûler du bois sec et du petit bois en même temps », pour filer la métaphore. Et ce n’est pas de la théorie : lors de l’UTMB 2022, des analyses poussées ont été menées pendant sa course. « On a vu que je consommais à certains moments plus de 100 à 120 grammes de glucides par heure, tout en ayant des triglycérides très élevés. Ça veut dire que mes mitochondries utilisaient à la fois les sucres et les graisses comme carburant. »

Comment EST-ce qu’on devient métaboliquement flexible ?

Pas en avalant des gels toutes les 30 minutes, ni en courant à jeun tous les jours. Mais en variant les intensités, les conditions, les apports. Kilian s’est construit ce super-pouvoir à force d’entraînement en montagne, souvent dans des situations extrêmes : longues sorties sans manger, montées à bloc, ultra à haute altitude... « Il m’est arrivé de passer 15 heures en montagne sans rien manger. Mon corps a appris à ne pas gaspiller et à s’adapter. »

Cette adaptation se double d’une capacité à augmenter l’absorption des glucides quand c’est nécessaire. Mais attention, prévient-il : cette compétence s’entraîne et ne se copie pas bêtement. « Si une personne s’entraîne dix heures par semaine, elle n’a pas besoin de manger 120 grammes de glucides à l’heure. Au contraire, ça peut provoquer des troubles digestifs. »

Une stratégie de course en temps réel

Lorsqu’il prépare une course, Kilian ne se fixe pas un plan rigide du type "tant de grammes par heure". Il adapte en direct, en fonction de son rythme et de ses sensations. « Si je ralentis, je baisse mes apports. À Chianti, j’avais prévu 120 g/h, mais quand j’ai senti une gêne à l’estomac, j’ai réduit à 90 g/h. »

Son approche est fine, contextuelle, toujours connectée à l’effort réel. Il fait confiance à son corps... et à la science. Et parfois aux deux à la fois.

Crédit : Maurten

Le corps, ce laboratoire

Kilian multiplie les tests : prise de sang, analyses de lactate, métabolisme au repos, calculs caloriques. Lors de ses projets les plus intenses (comme sa traversée des Alpes), il a mesuré une dépense énergétique moyenne de 8 300 kcal par jour. « J’ai un métabolisme de base très bas, autour de 1 600 kcal, mais je peux multiplier ça par cinq quand je suis en expédition. C’est énorme. »

Mais ce n’est pas juste une question de chiffres. Ce qu’il recherche, c’est l’efficacité dans l’adaptation. Être capable de dépenser peu quand il le faut, et beaucoup quand c’est nécessaire. Un vrai caméléon énergétique.

En résumé : un modèle à copier ?

Pas vraiment. Ou du moins, pas sans nuance. La flexibilité métabolique, c’est une compétence qui se construit lentement, à l’écoute de soi, avec l’expérience. Elle ne se décrète pas avec une appli ou un plan universel. « Ce qui marche pour moi ne marchera pas pour tout le monde. Ce qui compte, c’est de comprendre ses besoins, et de s’adapter. »

Kilian Jornet ne propose pas une méthode miracle. Mais il offre une leçon d’intelligence corporelle, à la croisée de la science, de l’instinct et de l’expérimentation. Et ça, c’est peut-être le plus grand enseignement à tirer de ses exploits.



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