Sandra Huon, l’ascension express d’une triathlète vers le haut niveau

Passer du statut d’amatrice à celui de triathlète professionnelle en moins d’un an ? C’est le pari réussi – et brillamment exécuté – par Sandra Huon, invitée sur notre podcast à l’occasion des 20 ans de l’IRONMAN de Nice. Un parcours éclair, mais pas improvisé, qui révèle les coulisses méconnues de la professionnalisation dans le triathlon longue distance.

Décryptage d’un changement de dimension.

Crédit : Valentin Garcin

Un rêve de haut niveau… qui n’en était pas un

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, Sandra Huon n’a pas grandi avec le rêve d’être athlète professionnelle. « Quand j’ai commencé le triathlon pendant mes études d’ingénieur, c’était juste pour relever un défi. Je trouvais que le format long-distance paraissait impossible, donc j’ai eu envie d’y goûter. »

Pas de centre de formation, pas d’entraînement intensif dès l’enfance, pas de cercle familial baigné dans le sport de haut niveau. Juste une motivation pure et une discipline personnelle qui vont rapidement faire la différence.

Structurer pour performer

Ce qui change tout ? Sa manière d’aborder l’entraînement. Dès ses débuts, Sandra s’entoure de personnes compétentes. Elle rejoint un club de triathlon, puis engage un coach habitué au haut niveau. « Il avait coaché l’équipe de triathlon de Chine. Je me suis dit que c’était la meilleure personne pour m’aider à réaliser ce que j’avais en tête. »

Résultat ? Une progression fulgurante : en 2024, elle remporte coup sur coup les IRONMAN 70.3 de Nice et Vichy chez les amateurs. « À ce moment-là, je me suis dit que je pouvais peut-être envisager de passer professionnelle. Mais sans aucune prétention au départ. »

Crédit : Valentin Garcin

Pro… mais comment ?

C’est LA question que beaucoup se posent sans jamais trouver de réponse claire. Alors, comment devient-on triathlète professionnel dans le monde de l’Ironman ? La réponse est moins glamour que ce que l’on imagine : il faut remplir des critères de performance sur certaines courses, puis faire une demande de licence pro auprès de sa fédération.

Dans le cas de Sandra, c’est la Fédération Française de Triathlon qui valide sa transition. Ensuite, elle doit contacter les organisateurs de courses (comme Ironman) pour obtenir une place dans le "pro field". Deux options : une licence annuelle ou une inscription à la course à l’unité, selon les budgets et les opportunités.

Un quotidien pro… sans filet de sécurité

Contrairement aux idées reçues, être pro ne signifie pas vivre confortablement de son sport. « C’est à nous de tout structurer », explique Sandra. « L’entraînement, les sponsors, la communication… Il faut être performant, mais aussi être capable de raconter son histoire. »

Elle s’entraîne entre 20 et 25 heures par semaine, réparties entre natation, vélo et course à pied. Un rythme exigeant, qu’elle a construit progressivement pour éviter les blessures et assurer la longévité de sa carrière.

Mais pas de salaire fixe, pas de contrat fédéral. Tout repose sur la visibilité et la capacité à convaincre des partenaires. « Il faut jongler entre entraînement de haut niveau et marketing personnel. C’est un vrai métier à part entière. »

Crédit : Quentin.lblc

Une première course pro… et un podium

Pour sa toute première course professionnelle, Sandra frappe fort : 2e place, sur l’un des parcours les plus relevés de la saison. Sans combinaison néoprène (interdite au-dessus de 22° pour les pros), avec une natation perfectible mais une remontada impressionnante à vélo et à pied. « J’ai eu la rage sur le vélo et j’ai terminé avec des frissons sur la Prom’. J’ai doublé, doublé, doublé… Et j’arrive 2e. C’était fou. »

Objectif : les Mondiaux… à domicile

Désormais, Sandra voit plus loin. Elle a déjà validé sa qualification pour les championnats du monde IRONMAN 70.3 à Marbella, en novembre. Et surtout, elle rêve de briller à Nice en 2026 et 2028, où auront lieu les Mondiaux de la discipline. « Nice est un parcours qui me correspond parfaitement, surtout avec les descentes techniques. Je sais que j’ai une carte à jouer. »

Ce qu’on retient ?

Que le professionnalisme ne tombe pas du ciel. Il se construit. Et que même sans “destin tout tracé”, avec de la méthode, de la rigueur et de l’envie, on peut tracer sa propre ligne… jusqu’à la finish line.



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