Ludovic Pommeret, les recettes de l’homme qui défie le temps

Au DLTDC Penthouse, quelques jours avant la grande course de l’UTMB, Ludovic Pommeret a pris le temps de s’asseoir au micro de Dans la tête d’un coureur. Le champion, désormais quinquagénaire et athlète professionnel à plein temps, a partagé sa vision d’un sport qu’il pratique depuis plus de vingt ans. Entre rires, anecdotes et réflexions sur l’évolution du trail, il démontre qu’à 50 ans, on peut encore écrire de belles pages d’ultra.

📌 Cette émission vous est proposée par Näak.

De salarié à athlète professionnel… à 50 ans

Ludo l’avoue avec son sourire malicieux : « Avant, je travaillais à 60 %, maintenant j’ai arrêté. Depuis avril, je peux enfin dire que je suis athlète pro. ».
Un choix mûrement réfléchi en famille, presque planifié comme une course : à 50 ans, lui et sa femme Céline ont décidé de tourner la page professionnelle pour se consacrer à d’autres projets… dont le trail. Céline, vétérinaire de formation, est devenue sa community manager. Une reconversion de couple atypique, mais qui leur permet de vivre autrement le sport et les voyages.

L’expérience comme carburant

Si Ludovic reconnaît être « moins fort sur les formats courts », il estime avoir encore progressé sur l’ultra : « Sur un 100 miles, l’expérience compte. Et avoir plus de temps pour préparer ces grosses échéances, ça change tout. »
Il assume aussi de courir pour les émotions que seul l’ultra peut offrir : ces montagnes russes où l’on passe de l’épuisement au bonheur absolu en l’espace de quelques heures. « J’ai peur que certaines émotions me manquent si j’arrête », confie-t-il. C’est ce moteur invisible qui le pousse à rechausser les baskets, encore et encore.

Crédit : Léo Roussel

La nutrition : du bricolage au protocole

Longtemps, Ludovic a tâtonné. « J’ai abandonné pas mal de courses à cause de problèmes gastriques. Puis j’ai trouvé un protocole simple : des gels et de l’eau. »
Aujourd’hui, avec partenaire NAAK, il s’autorise plus de science : boissons énergétiques, suivi glycémique, apports calibrés (60 g de glucides par heure). Mais toujours avec une distance amusée : « Je reste un peu amateur. Je fais confiance à ma nutritionniste, mais je ne vais pas calculer mes proportions de fructose comme Mathieu Blanchard. »

👉 Il a tout de même tenté de monter à 85 g/h : résultat, « le bide tordu après quatre heures ». La leçon est claire : le corps apprend, mais l’ultra ne pardonne pas l’improvisation.

L’UTMB, 20 ans d’histoire

Présent dès 2004, Ludovic Pommeret a tout vu : l’émergence de Kilian Jornet, la domination de François D’Haene, la montée en puissance de l’américain Jim Walmsley.
Il se souvient avec émotion de l’édition 2017 et du duel épique entre François et Kilian, ou encore de la victoire de Vincent Viet en 2023.
Et il analyse avec lucidité l’évolution de la discipline : « Aujourd’hui, pour gagner l’UTMB, il faut tourner autour de 20 heures. Les coureurs partent tous sur cette base. Ça crée du spectacle, mais aussi beaucoup de défaillances. »

Et demain ?

Son objectif immédiat : l’UTMB, bien sûr. Mais aussi la santé de Céline, avec qui il rêve de recourir en duo. « Le plus beau souhait, c’est qu’elle se rétablisse pour qu’on puisse partager encore des courses ensemble. »
En attendant, Ludovic publie aussi un livre, À contre-temps, une autobiographie coécrite avec Franck Berthaud que certains d’entres-vous ont peut-être eu l’occasion de lire dans la bibliothèque du DLTDC Penthouse. Un livre fidèle à son image, il s’y livre sans détour, avec sincérité et pudeur.



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Vieillir plus vite quand on court : mythe ou réalité ?