Vieillir plus vite quand on court : mythe ou réalité ?

Durant la semaine de l’UTMB, nous avons reçu au DLTDC Penthouse le docteur Stéphanie Leclerc Mercier, dermatologue à Paris et à l’INSEP, mais également traileuse. Ensemble, nous avons parlé d’un sujet que les coureurs relèguent souvent au second plan : leur peau.

On l’a tous entendu un jour : « Les trailers, ça vieillit plus vite ». Il suffirait de regarder un visage marqué pour deviner les heures passées en montagne, les longues sorties sous le soleil… Mais est-ce vraiment le sport qui creuse les traits, ou bien autre chose ? Spoiler : le coupable s’appelle surtout… le soleil.

📌 Cette émission vous est proposée par le Laboratoire SVR.

Le mythe du "visage de trailer"

On parle souvent du « visage du marathonien », réputé creusé et sec. Les trailers, eux, afficheraient rides, taches et bronzage permanent. De quoi donner l’impression qu’ils prennent dix ans en quelques saisons.

En réalité, explique la dermatologue Stéphanie Leclerc Mercier : « Le sport en lui-même ne fait pas vieillir. Au contraire, il entretient la jeunesse. »

Les traits peuvent changer, certes, à cause de la fonte des graisses du visage liée aux entraînements intensifs, mais ça ne relève pas du vieillissement cutané au sens strict.

Le vrai coupable : le photovieillissement

Si certains coureurs paraissent plus âgés, ce n’est pas le kilométrage au compteur, mais l’accumulation d’heures passées en extérieur. Le soleil reste le facteur n°1 du vieillissement de la peau.

La dermatologue est catégorique : « Plus on s’expose au soleil, plus on a un photovieillissement. Et ça, c’est indéniable. »

Sous le microscope, une peau abîmée par le soleil se reconnaît immédiatement : « On ne peut pas donner l’âge du patient, mais on peut dire directement qu’il a été beaucoup exposé au soleil. »

Le stress oxydatif : l’effet cocktail sport + soleil

Faire beaucoup de sport intensif peut modifier l’immunité. Combiné aux UV, cela augmente légèrement le risque de cancers cutanés. « L’entraînement physique intensif entraîne une immunosuppression. Les UV ajoutés à ce risque favorisent un sur-risque de cancer de la peau. »

Pas de quoi arrêter de courir, mais une bonne raison de renforcer la prévention. Comme elle le rappelle : « L’idée n’est pas de vous faire peur. Pas du tout, on a plein de solutions. »

Montagne, altitude… les facteurs aggravants

Pour les trailers, l’environnement joue aussi un rôle.

  • Altitude : chaque 1000 mètres gagnés = +10 % d’intensité des UV.

  • Albédo : la neige et les sols clairs renvoient la lumière, exposant le visage même « par en-dessous ».

« Quand t’as un chapeau ou une casquette, tu protèges le haut du visage. Mais il ne faut pas oublier de protéger aussi le bas, parce que tu reprends des UV par le bas. »

Bref, être en montagne multiplie les risques de photovieillissement, même quand il ne fait pas chaud.

Alors, courir fait-il vieillir ?

Non, pas directement. Ce qui vieillit la peau, c’est l’exposition solaire non protégée. Le sport, lui, maintient la jeunesse du corps… à condition de protéger l’enveloppe qui l’abrite.

La bonne nouvelle ? Les effets ne sont pas inéluctables. Chaque sortie protégée est une victoire. Comme le rappelle la spécialiste : « Ce n’est pas grave si on a pris des coups de soleil avant. Tout ce qu’on commence à faire bien, c’est déjà hyper important. »

👉 À retenir

  • Le sport n’accélère pas le vieillissement de la peau : c’est le soleil qui marque les visages.

  • UVA et UVB détruisent collagène et fibres élastiques : le photovieillissement est cumulatif.

  • Altitude, neige et longues heures dehors amplifient les effets.

  • La prévention (crème solaire, vêtements, chapeau, lunettes) est la clé pour durer… et courir longtemps.



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