Baptiste Chassagne se livre sur la plus grande victoire de sa carrière et Yannick Noël nous régale !
(Diagonale des Fous 2025)
173 kilomètres, 10 000 mètres de dénivelé, des heures de chaleur, de froid, de solitude et d’extase.
La Diagonale des Fous, c’est bien plus qu’une course : c’est une épreuve d’endurance humaine, un voyage intérieur où chaque pas coûte et compte à la fois.
L’équipe de Dans la tête d’un Coureur était sur place, au cœur de cette ferveur unique qui à fait vibrer La Réunion pendant plusieurs jours. Sur le stade de La Redoute, théâtre d’autant de larmes que de sourires, nous avons eu la chance d’échanger avec Baptiste Chassagne, vainqueur de cette édition 2025, encore sur son petit nuage, qui raconte avec émotion et lucidité cette aventure hors du commun, et Yannick Noël, arrivé en seconde position et compagnon d’aventure sur les sentiers réunionnais.
Deux trajectoires différentes, un même esprit : celui du dépassement de soi et de la passion pure.
Baptiste Chassagne : la découverte d’un champion
Quelques heures après son arrivée au stade de La Redoute, Baptiste Chassagne n’a toujours pas réalisé. Cette victoire, la plus belle de sa carrière, s’inscrit dans une année qu’il avait pensée comme une étape de construction. Après les Mondiaux de trail à Canfranc, marqués par la déception, la Diagonale devait être une « cerise sur le gâteau », un défi pour le plaisir. « Je ne voulais pas courir pour effacer ma frustration. Je voulais découvrir, sans pression. »
Dès les premiers kilomètres pourtant, la “découverte” s’est transformée en performance. Parti à la sensation, sans objectif de chrono, il prend très vite la tête. « Je regardais mes pulsations, j’étais en footing. Et pourtant, on m’annonce dix minutes d’avance. »
Un appel de François D’Haene avant la course lui a soufflé une stratégie en trois temps : “partir tonique, se mettre en veille dans Mafate, et finir comme on peut.” Une approche qu’il a suivie avec discipline, mais surtout avec un mot en tête, offert par sa sœur juste avant le départ : « Le mot-clé, c’était passion. À partir de là, tout s’est mis en place. »
Cette passion, on la ressent dans chaque mot qu’il emploie pour décrire sa course. Rien de forcé, rien de dramatique : seulement une lucidité rare et une joie simple, presque enfantine. Pour lui, la fin n’a pas été un combat mais une véritable fête, un moment suspendu où les encouragements des Réunionnais semblaient porter chaque pas jusqu’à La Redoute.
À l’arrivée, Baptiste s’incline symboliquement devant l’île et ceux qui la font vibrer. Il parle d’un sentiment de gratitude, d’une découverte intérieure, comme s’il avait trouvé en lui une force qu’il ne soupçonnait pas. Une émotion pure, à la hauteur de la légende de la Diagonale.
Crédit : Instagram de Baptiste Chassagne
Yannick Noël : la simplicité et la force tranquille
Quelques heures plus tard, Yannick Noël apparaît avec le même naturel qu’il met dans sa foulée. Fatigué, bien sûr, mais apaisé. « Cette nuit, j’ai enfin bien dormi. Hier, c’était impossible : tout le monde voulait fêter notre arrivée. »
Le Réunionnais d’adoption connaît bien cette course. En 2017, il découvrait la Diagonale. En 2022, il signait un top 10. En 2025, il s’invite sur le podium, en seconde position. « C’est une aventure plus qu’une course. Même prêt à 100 %, on ne sait jamais ce qui peut se passer. »
Originaire de Normandie, boulanger-pâtissier de métier, Yannick incarne cette génération d’ultra-coureurs qui concilient vie professionnelle, famille et passion. « Le trail, c’est mon défouloir. Après le travail, je sors, je cours, et tout va mieux. »
Ses employeurs des Deux-Alpes ont cru en lui : ils ont aménagé son emploi du temps pour lui permettre de se consacrer à sa préparation estivale. Une confiance récompensée par une course exemplaire, menée avec intelligence et régularité.
Longtemps au contact de Baptiste Chassagne, Yannick n’a jamais renoncé. Il raconte avec calme qu’il a vite compris que son rival était dans un grand jour, et qu’il valait mieux suivre son propre rythme, sans regret. Pour lui, cette Diagonale restera la course fondatrice, celle où tout a vraiment commencé.
Crédit : Instagram de Yannick Noël
Deux hommes, une même passion
Au-delà du classement, cette édition 2025 restera celle de deux coureurs habités par la même authenticité.
Baptiste Chassagne, athlète en pleine révélation, qui découvre la grandeur du trail dans l’émotion.
Yannick Noël, artisan du quotidien, qui prouve qu’on peut rêver grand sans rien renier de sa simplicité.
Sur le stade de La Redoute, les deux se sont croisés, épuisés mais souriants, réunis par cette passion commune pour le dépassement et le partage.
Et pour nous, présents sur place, ces échanges resteront comme un rappel précieux : la Diagonale des Fous n’est pas seulement une course.
C’est une rencontre avec soi-même et avec les autres. Une expérience où la fatigue se mêle à la gratitude, où la passion dépasse la performance.
Dans cet épisode, Blandine L’Hirondel revient sur sa victoire à la Diagonale des Fous 2025, une performance exceptionnelle qui la place 8ᵉ au classement général en 27h26
Ensemble, on parle de gestion, de confiance, de doutes aussi. Une conversation sincère sur ce que signifie courir juste, même au cœur de la folie.