Diagonale des Fous : Blandine L’Hirondel nous fait revivre les émotions de sa Diagonale des Fous
(Diagonale des Fous 2025)
Dans cet épisode, on se glisse dans la tête de Blandine L’Hirondel, la championne de cette saison, pour revivre de l’intérieur l’une des courses les plus mythiques du trail : la Diagonale des Fous.
Quelques heures après sa victoire sur l’île de la Réunion, Blandine nous raconte son aventure avec la franchise et la fraîcheur qu’on lui connaît. De la CCC de Chamonix à l’arrivée sur le stade de la Redoute, elle revient sur ce mélange de douleur, de gratitude et d’émerveillement qui fait tout le sel de l’ultra.
Sous la petite tente de la Redoute, entre un slam, une sono à fond et des applaudissements créoles, la Réunion fête sa championne comme une enfant du pays. Et quelque part, c’est un peu le cas.
L’île de la Réunion, une histoire d’amour
Pour Blandine, cette Diagonale n’était pas une course comme les autres.
« Je suis arrivée ici il y a dix ans, je ne savais même pas ce que voulait dire le mot trail. ». À l’époque, une jeune Normande débarque sur l’île intense, sans repère ni club. C’est le club Oxytrail qui l’accueille, lui fait découvrir les sentiers, les pique-niques créoles et la chaleur humaine réunionnaise. « Ils m’ont prise sous leurs ailes, ils étaient là bien avant que je sois Blandine L’Hirondel la championne. »
Alors quand elle s’élance sur la Diagonale, c’est avant tout pour rendre à l’île ce qu’elle lui a donné. Et quand elle franchit la ligne victorieuse, c’est une boucle qui se referme. « Je savais que j’étais au bon endroit, au bon moment. »
Une revanche née à Chamonix
La Diagonale des Fous, c’est un peu la revanche de Blandine après la CCC de Chamonix. Là-bas, elle avait mené la course avant de finir au pied du podium. Une course magnifique, mais frustrante. « Je crois que je n’avais jamais eu autant envie d’en découdre que sur cette Diagonale. »
Pas question de se présenter simplement « pour découvrir ». Sur cette épreuve longue de 165 km et 10 000 m de dénivelé, seule une motivation profonde permet de tenir « Si on n’a pas de bonnes raisons de la faire, on peut mille fois abandonner. »
Et des raisons, Blandine en avait plein : pour elle, pour ses proches, pour cette île, pour le plaisir simple de se dépasser.
Instagram de Blandine L’Hirondel
Le mental avant tout
La Diagonale, c’est un monstre. Et dans ce genre de course, le corps ne suffit pas.
« Sur un ultra, plus on avance, plus le mental devient le facteur clé de la performance. »
Blandine le dit sans détour : la préparation physique était là, mais la clé, c’était la tête.
Pour éviter de se laisser submerger par l’ampleur du défi, elle a adopté une stratégie simple : penser ravitaillement par ravitaillement. « Si tu dis à ton cerveau qu’il reste 100 km, il panique. Mais si tu lui dis qu’il reste 10 km jusqu’au prochain ravito, il dit : “ok, je gère”. »
Et ça marche. Pas de projection à long terme, juste des petites victoires successives, comme des marches gravies une à une.
Le corps en symbiose
Pourtant, il fallait aussi encaisser la brutalité du terrain réunionnais : racines, marches, pierres volcaniques et descentes interminables. « J’ai commencé à avoir mal aux quadriceps après 150 km. » Oui, 150 km. Mais avant ça ? Une facilité déconcertante, notamment en descente. « Je me suis surprise à aimer les marches, les petits sauts, les relances. Peut-être mes restes de danseuse ! »
Gérer la peur, savourer l’état de flow
Au départ, pas de plan pour mener la course. Juste une consigne : suivre ses sensations. Mais très vite, elle se retrouve devant.
Alors que la nuit tombe sur les sentiers, Marianne Hogan revient à sa hauteur. Un mano a mano qui pourrait faire douter plus d’une. Pas Blandine. « Je me suis dit : on est deux à faire une course exceptionnelle. On va se tirer vers le haut. »
Ce moment de flow — quand tout s’aligne, que le corps et l’esprit ne font plus qu’un —, Blandine le vit à fond.
Elle se refuse à penser à la chute, à la défaillance. « Tant que je suis bien, j’y vais. » Une philosophie du panache qui lui réussit.
Le stade de la délivrance
La fin de course, c’est une autre histoire. La descente interminable vers le stade de la Redoute, les cailloux, la pluie, les épingles sans fin. « J’ai insulté tous les cailloux, j’avais qu’une envie : arriver ! » À l’inverse de ses arrivées habituelles, pas de larmes, pas de démonstration d’émotion. Juste du soulagement. « Le stade de la Redoute, on l’appelle le stade de la délivrance, et il porte bien son nom. »
Mais au fond, c’est peut-être ça, la beauté de l’ultra : finir vidée, mais pleine.
« Fière, mais pas pour le chrono »
Quand on la félicite, Blandine rectifie doucement : « Je ne suis pas fière de moi pour le classement ou le chrono. Je suis fière parce que la course a été pleine, comme je l’ai voulue. »
Sur cette édition marquée aussi par la victoire de Baptiste Chassagne, la Diagonale des Fous 2025 restera dans les mémoires. Une course d’émotions, de dépassement et d’humilité.
Et Blandine ?
Elle savoure, un sourire au coin des lèvres. L’intense, cette fois, c’est elle.
Dans cet épisode, Blandine L’Hirondel revient sur sa victoire à la Diagonale des Fous 2025, une performance exceptionnelle qui la place 8ᵉ au classement général en 27h26
Ensemble, on parle de gestion, de confiance, de doutes aussi. Une conversation sincère sur ce que signifie courir juste, même au cœur de la folie.