Diagonale des Fous : Diagonale des Fous : le débrief sans filtre avec Joseph Mestrallet, Ludovic Collet & Aurélien Dunand-Pallaz !
(Diagonale des Fous 2025)
Chaque année, la Diagonale des Fous fascine autant qu’elle effraie.
À La Réunion, cet ultra-trail mythique — 165 kilomètres, plus de 9 000 mètres de dénivelé positif et des conditions climatiques souvent extrêmes — pousse les coureurs au-delà de leurs limites physiques et mentales. Une épreuve totale, réputée pour être l’une des plus dures au monde.
Pour décrypter cette édition 2025, Ludovic Collet, la voix du trail, et Aurélien Dunand-Pallaz, troisième cette année et vainqueur sortant, sont rejoints par Joseph Mestrallet, performance scientist qu’on ne présente plus, de retour à nos côtés pour analyser les données, les stratégies et les émotions de cette « course-monstre ».
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Une édition fidèle à sa légende
La Diagonale des Fous 2025 a tenu toutes ses promesses.
Avec un parcours rallongé (jusqu’à 180 km selon les montres GPS), la réintégration du Maïdo, et des sentiers rendus plus techniques par la tempête Garance, les coureurs ont affronté un tracé exigeant, fidèle à la réputation de l’île intense. « C’etait exceptionnel, je me suis pris une grande claque », confie Joseph Mestrallet.
Un sentiment partagé par Ludovic Collet, présent sur l’événement depuis 2009 : « La Diag, ce n’est pas une course, c’est une aventure humaine. Une expérience sensorielle qu’il faut vivre pour comprendre. »
Baptiste Chassagne, la victoire du panache
Parti à un rythme effréné, Baptiste Chassagne a surpris tout le monde. Là où beaucoup l’attendaient en outsider, le Stéphanois a imposé sa loi dès les premiers kilomètres, dictant le tempo sur un parcours qu’il découvrait pourtant. « Soyons honnêtes, personne ne le voyait gagner », admet Joseph Mestrallet. « Mais il a eu le courage de partir seul, sans calcul, et il a tenu jusqu’au bout. »
Une audace récompensée : victoire magistrale, gestion millimétrée et mental d’acier.
« La Diag ne se gagne pas sans douleur », rappelle Ludovic Collet. « Et Baptiste a su serrer les dents comme les très grands. »
À 31 ans, celui que certains voyaient encore comme “l’éternel deuxième” signe une course référence. « Il touche à la perfection, souligne Ludovic. Il est complet, intelligent et capable de se transcender. »
Yannick Noël, la confirmation d’un grand
Derrière Chassagne, Yannick Noël s’est battu avec une régularité exemplaire. Le pâtissier de métier — et travailleur acharné — a livré une course à la fois courageuse et intelligente. « C’est un bosseur, un vrai », souligne Ludovic Collet. « Il ne cherche pas d’excuses, il va au combat, toujours avec la même humilité. »
Sa deuxième place, acquise au terme d’un effort constant, confirme son ascension dans la hiérarchie du trail français. Une performance d’autant plus marquante qu’elle illustre la philosophie de la Diagonale : ici, la victoire se joue autant dans la tête que dans les jambes.
Aurélien Dunand-Pallaz, l’expérience et la lucidité
Vainqueur en 2023, Aurélien Dunand-Pallaz a cette fois décroché la troisième place, au terme d’une saison perturbée par la blessure. « Baptiste était trop fort, reconnaît-il, mais j’avais besoin de me confronter à cette douleur, de reconstruire une mémoire physique et mentale. »
Accompagné par Joseph Mestrallet et la team Nutripure, le Savoyard a abordé cette édition avec une approche plus scientifique : analyse de données, suivi cardiaque, stratégies nutritionnelles. « La Diagonale, c’est l’imprévisible par excellence », explique Mestrallet. « On vient pour apprendre, pour confronter la théorie à la réalité du terrain. »
Une course d’équilibre entre technique, climat et mental
Entre la chaleur du jour, le froid de la nuit et les pluies glissantes du passage des Anglais, les athlètes ont dû composer avec tous les contrastes. « Ici, il faut arriver frais mentalement, plus encore que physiquement », insiste Ludovic Collet. « Ce n’est pas le plus fort qui gagne, c’est celui qui veut le plus. »
Pour Joseph, ces conditions extrêmes rendent la course encore plus passionnante : « Mon rôle, c’est d’aider les athlètes à compenser les conditions extérieures. Plus elles sont complexes, plus elles révèlent leur véritable potentiel. »
Chez les femmes : Blandine L’Hirondel impériale
C’était le duel attendu : Blandine L’Hirondel face à Marianne Hogan.
Deux championnes, deux approches : la précision méthodique de l’une, la combativité instinctive de l’autre.
Si la Canadienne a dû abandonner, laissant le champ libre à Blandine, la Française n’a pas volé sa victoire. « Elle doutait, elle respectait ses adversaires, c’est ce qui fait les grandes », observe Joseph Mestrallet.
Pour Ludovic Collet, « Blandine appartient à cette catégorie rare des athlètes capables de se transcender le jour J ».
👉 Avec ce succès, elle rejoint le cercle très fermé des cinq femmes à avoir intégré le Top 10 au scratch de la Diagonale.
Manon Campano, l’élégance de la discrétion
Derrière les projecteurs, une autre performance a marqué cette édition : celle de Manon Campano, deuxième féminine, sans assistance.
Pas de team, pas de logistique, juste une détermination sans faille.
Elle m’a dit : « Je me suis mise en mode remontada », rapporte Collet.
Discrète, efficace, d’une grande sérénité, Campano impressionne. « Elle ne cherche pas la lumière, souligne Joseph. Elle court avec sincérité, et c’est sans doute ce qui lui permet de performer. »
L’évolution invisible : la nutrition et la science de la performance
Derrière les performances spectaculaires se cache une révolution plus silencieuse : celle de la nutrition. « Aujourd’hui, il faut apprendre à s’alimenter à l’effort autant qu’à courir », rappelle Ludovic Collet.
Joseph Mestrallet va plus loin : « Plus un athlète est capable d’ingérer des glucides à l’effort, plus il peut maintenir son intensité. Mais cela s’entraîne. Et surtout, cela ne se fait pas… au bureau ! »
De la physiologie à la psychologie, la performance devient une science du détail — et la Diagonale en reste le laboratoire le plus exigeant.
Une diagonale humaine, exigeante et inspirante
Au-delà des chiffres et des classements, la Diagonale des Fous 2025 restera comme une édition profondément humaine : des émotions, du dépassement, et une immense dose de respect entre les coureurs « Ce n’est pas qu’une course, conclut Collet, c’est une aventure collective, un hymne à la passion. »
Dans cet épisode, Blandine L’Hirondel revient sur sa victoire à la Diagonale des Fous 2025, une performance exceptionnelle qui la place 8ᵉ au classement général en 27h26
Ensemble, on parle de gestion, de confiance, de doutes aussi. Une conversation sincère sur ce que signifie courir juste, même au cœur de la folie.