Trail, amitié et reconstruction : notre avis sur INTENSE, le film de Baptiste Chassagne et Simon Dugué

INTENSE ne raconte pas simplement la Diagonale des Fous.

Il raconte ce qu’on ne filme presque jamais : le doute qui s’installe, l’amitié qui soutient et ces petits basculements qui changent un coureur, parfois plus qu’une victoire.

Un documentaire qui ose aller là où le trail ne va presque jamais : l’intérieur.

L’équipe de Dans la Tête d’un Coureur était présente à l’avant-première du film, désormais disponible depuis ce mardi 2 décembre sur la chaîne YouTube de l’athlète.

📆 Un événement organisé par Back Market

Une avant-première à taille humaine

Lundi soir, rue Championnet.

On pénètre dans les locaux de la start-up Back Market et on nous guide vers une pièce un peu à part. Bois clair, coussins posés sur des estrades, lumière douce, un cocon plutot inattendu au cœur du 18ᵉ arrondissement de Paris.

Nous sommes une trentaine, pas plus. Assis sur ces estrades, presque en retrait, comme si le lieu lui-même nous invitait à ralentir, à se poser, à écouter.

Baptiste Chassagne assure l’accueil. Chaleureux, souriant, attentif. Pas de distance ni de mise en scène, juste un athlète heureux de partager un moment qui compte.

Chut, dans quelques minutes, le film va commencer.

Un documentaire centré sur un moment clé de la carrière de Baptiste Chassagne

INTENSE revient sur une période décisive de la carrière de Baptiste Chassagne.

Le film ne contourne rien, on y voit notamment sa déception aux Mondiaux de Canfranc, un moment qu’il évoque sans filtre, comme un point de bascule qui l’a forcé à se réinventer.

Cette honnêteté donne immédiatement le ton.

Le documentaire ne cherche pas à mythifier l’athlète, il montre un coureur qui se construit dans ses réussites mais surtout dans ses revers.

La Diagonale des Fous occupe bien sûr une place centrale dans le récit, mais INTENSE raconte surtout quelque chose de plus subtil : la façon dont Baptiste rassemble les siens au moment où il en a le plus besoin.

La course devient alors moins un objectif qu’un cadre, un prétexte presque, pour réunir ceux qui l’aident à tenir debout. Comme si, sans le dire, il savait que certaines épreuves ne se traversent pas en tête-à-tête avec soi-même mais avec une main posée sur une épaule.

Et puis il y a cet objectif dévoilé, « découvrir ce que ça fait d’essayer de passer devant » Non pas par arrogance, mais pour reprendre le contrôle, imposer son rythme, sentir ce que ça fait de dicter une course sans jamais la subir.

Une manière de tester une nouvelle version de lui-même, plus affirmée, plus libre, plus alignée. Le film montre comment cette ambition s’est transformée en réalité, avec une humilité qui, elle, n’a jamais bougé.

Une réalisation qui veut casser les codes

Aux côtés de Baptiste, Simon Dugué signe un film qui s’éloigne clairement des codes habituels. Pas de voix off “aspirationnelle”, pas de surenchère visuelle, pas de glorification. INTENSE cherche autre chose.

L’ambition est assumée : proposer un regard moins formaté, plus proche, plus humain, tout en jonglant avec les contraintes d’un documentaire qui filme une course souvent inaccessible. Le film ose quelques partis pris esthétiques et narratifs, parfois audacieux, parfois déroutants, mais toujours sincères.

Le résultat, c’est un documentaire qui se distingue par son authenticité et son style visuel épuré et esthétique, loin de la mise en scène épique qui domine souvent le trail filmé.

Ce qu’on en a pensé :

INTENSE se regarde avec facilité et la première partie du film fonctionne particulièrement bien. On suit Baptiste dans sa reconstruction, ses doutes et cette montée en tension propre à la Diag. On est dedans, sans effort.

Quand la course démarre, le récit prend un autre rythme. Le choix de filmer la Diagonale de manière plus courte, plus condensée, se comprend : c’est cohérent avec l’esthétique du film, plus épurée que démonstrative. Mais ce choix a aussi un revers : on perd un peu ce qui fait la magie d’un ultra comme le grand raid. Les hauts, les bas, les moments de doutes, d’excitation, de solitude. On aurait aimé goûter un peu plus à ces moments-là.

L’image est très soignée et l’on se surprend à regretter que la prise de son n’ait pas bénéficié du même soin tant elle aurait pu renforcer l’immersion.

Mais c’est aussi ce qui fait la singularité du film INTENSE, qui choisit l’intime plutôt que le spectaculaire, le resserré plutôt que le grand panorama. Ce parti pris donne un documentaire sincère, accessible, touchant, avec une vraie personnalité et ça fait du bien.

On en ressort peut-être en ayant envie d’en voir un peu plus mais c’est sans doute parce que le film réussit à nous accrocher suffisamment pour créer cette attente.

On vous partage le documentaire, juste ici 👇

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