Marie Goncalves, ce que le Trail lui a appris sur elle-même (et sur la vie)

À 28 ans, Marie Gonçalves court depuis si longtemps qu'on pourrait presque dire qu’elle a grandi avec un dossard. Traileuse de haut niveau au sein de la team ASICS, avocate passionnée, elle incarne cette génération hybride qui refuse de choisir entre carrière professionnelle et haut niveau. Une athlète qui ne s'interdit rien, sauf peut-être l’imprévu même si le trail adore lui rappeler qu’il est partout.

Nous l’avons rencontrée à la veille de la Asics Saintélyon ! L’ambiance est électrique, les frontales s’allument, et Marie s’apprête à prendre le départ… en relais, entourée de femmes ayant combattu un cancer du sein. “L’idée, c’est surtout de rigoler et de montrer que tout est possible”, explique-t-elle. Pourtant, difficile d’oublier que, l’année précédente, elle remportait l’épreuve reine. Une victoire qui a marqué un tournant dans sa jeune carrière.

📌 Un épisode rendu possible grâce au soutien d’Asics.

Une vie façonnée par la course (depuis… ses 7 ans !)

Si Marie a aujourd’hui le sourire et la maturité des athlètes aguerries, tout a commencé très simplement : une maman qui court, un club d’athlé, et une petite fille qui découvre qu’elle aime la compétition autant que les papillotes du cross local.

“J’ai eu ma première licence à sept-huit ans et je suis toujours dans le même club”, confie-t-elle fièrement. Avec les cross est venu le goût du dépassement, du cadre, de la discipline. Et aussi les premiers signes d’un mental solide : “Le cross, ça forge le mental. Aujourd’hui encore, ça m’aide beaucoup.”

Cette base, très piste/route/cross, elle la revendique. À l’heure où les meilleurs trailers sont aussi d’excellents coureurs à pied, où la polyvalence est reine, Marie incarne parfaitement cette nouvelle génération décomplexée. On court en montagne l’été, sur route l’hiver et personne ne trouve ça bizarre.

Devenir avocate et athlète de haut niveau : l’équilibre improbable qui fonctionne

Dans une société où on adore mettre les individus dans des cases, Marie cultive un modèle hybride. Et ce n’est pas sans effort.

“Quand tu dois faire huit ans d’études d’avocat tout en t’entraînant, il faut rien lâcher”, résume-t-elle. Longtemps, elle a même caché son niveau à ses supérieurs, de peur qu’on la considère “moins disponible” qu’un autre collaborateur. Jusqu’à ce que sa victoire sur la SaintExpress fasse les gros titres… et surprenne son propre cabinet.

👉 Aujourd’hui, elle s’assume. Elle a monté sa propre structure pour organiser ses journées et construit un équilibre “à trois piliers” : travail, sport, entourage. Pour elle, c’est la clé.

“Si je n’avais que le travail, je finirais très tard tous les soirs. La course me fait sortir du bureau. Et si je n’avais que le sport, je pense que je cogiterais trop.”

Un équilibre fragile, mais essentiel notamment lorsqu’on traverse une blessure. À la suite d’une entorse sévère lors du Marathon du Mont-Blanc 2024, c’est son métier qui l’a aidée à garder la tête hors de l’eau.

ASICS Trail Elite Factory : le coup de foudre inattendu

L’histoire est presque romanesque : après le Covid, Marie tombe par hasard sur une annonce d’ASICS pour intégrer la Trail Elite Factory. Elle postule “un peu comme ça”… et gagne.

🎯Résultat : en quelques semaines, elle passe du cross à une team internationale de trail, stages à Chamonix inclus.

Mais attention : marier deux mondes ne se fait pas d’un claquement de doigts. “Au début, j’ai trouvé le trail très, très dur. Tu veux courir partout, ne jamais marcher… Tu viens de la piste, t’as tes repères. Là, t’as plus rien.”

Elle persévère, apprend à ralentir dans les côtes, à écouter le terrain. Et surtout : elle progresse dans un environnement bienveillant, où l’on mise sur elle sur le long terme. “ASICS fait un pari sur nous. Ils nous prennent tôt, avant les résultats. Ça donne envie de se dépasser.”

La SaintéLyon : une victoire symbole… et un point de départ

Gagner la SaintéLyon, pour une Lyonnaise, c’est presque un passage initiatique. Mais pour Marie, c’est plus qu’une ligne d’arrivée franchie dans la nuit noire “Je pense que c’était un point de départ. La preuve que je pouvais gagner des grandes courses.

Et aussi une manière de rendre hommage à ceux qui la soutiennent : son entraîneur, son compagnon Bastien, et surtout… sa famille. Son grand-père notamment, présent toute la nuit lors de sa victoire, restera l’un de ses plus beaux souvenirs. “On était au moins vingt de ma famille. C’est ça que je retiens.”

Pourquoi la SaintéLyon fascine autant ?

La SaintéLyon, on l’adore ou on la déteste mais on ne l’ignore jamais. Certains la qualifient de “trop roulante”, mais le terrain reste exigeant : froid, pluie, nuit, solitude, faux plats interminables… “Les gens viennent ici en sachant qu’ils vont souffrir. Il y a une dimension mentale énorme.”

Marie, elle, y voit un magnifique mélange entre trail et route, accessible mais redoutable. Et elle connaît la recette pour la préparer :

Conseils de Marie pour réussir la SaintéLyon :

  • Commencer par les petits formats, comme elle (qu’elle a d’ailleurs tous gagnés… ou presque !).

  • Travailler la vitesse : deux séances à plat par semaine.

  • S’entraîner comme pour un marathon… mais plus long.

  • Ne pas sous-estimer le mental : il fait la différence dans la nuit.

  • Choisir la bonne paire : elle reste fidèle aux ASICS Fuji Light, suffisamment dynamiques sur route et sécurisantes en terrain glissant.

Apprendre à accepter l’imprévu… même quand on le déteste

Marie n’aime pas les imprévus. Le trail, lui, en raffole. Alors elle a dû apprendre à marcher, parfois, à changer son plan nutritionnel, à sourire même quand elle souffre. “Je me force à sourire. Ça sécrète de l’endorphine et ça m’aide à relâcher.”

Une technique validée par la science… et par de nombreux trailers.

Réussir sa carrière : une question très personnelle

À l’heure des réseaux sociaux où l’on confond ambition et quête absolue de performance, Marie a une vision rafraîchissante de la réussite. “Ma réussite cette année ? Avoir réuni toute ma famille aux Templiers. On a passé une journée incroyable.”

Parce qu’au fond, ce qu’elle construit, c’est moins un palmarès qu’une trajectoire personnelle alignée : un métier qu’elle aime, un sport qu’elle adore, un entourage qui la porte, et surtout… des rêves qui lui ressemblent.


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