Le trail face à l’urgence climatique : protéger nos terrains de jeu avant qu’ils ne fondent

À Briançon, l’équipe de France de trail prépare les championnats du monde. Mais au-delà des séances d’entraînement, une autre urgence s’invite dans les discussions : celle du climat.
Grâce à l’initiative MAIF Sport Planète, nous avons échangé avec deux témoins privilégiés du changement en cours : Xavier Cailhol, glaciologue et guide de haute montagne, et Mathieu Navillod, ancien skieur professionnel. Leur message est clair : si nous voulons continuer à courir dans des paysages spectaculaires, il faut apprendre à les protéger.

📌 Un épisode rendu possible grâce au soutien MAIF Sport Planète

Des glaciers qui disparaissent sous nos yeux

« Depuis les années 2000, les glaciers européens ont déjà perdu près de 38 % de leur volume », alerte Xavier Cailhol. Une statistique qui donne le vertige et qui illustre une réalité implacable : la fonte s’accélère.
Ces glaciers, bien plus que de simples décors de cartes postales, jouent un rôle essentiel dans la régulation des écosystèmes. Leur disparition entraîne des effets en cascade : éboulements, inondations, raréfaction des ressources en eau pour les vallées et les grandes plaines. « Croire que cela ne concerne que la montagne est une illusion. L’impact est global », insiste le glaciologue.

Le témoin direct d’un sport en danger

Pour Mathieu Navillod, l’évolution du climat n’est pas une donnée abstraite. « J’ai grandi à Tignes, et enfant, on skiait 365 jours par an sur le glacier. Aujourd’hui, les saisons d’été se comptent en semaines. »
Pluies hivernales, neige de plus en plus rare, glaciers qui reculent… Le constat est sans appel. C’est pour alerter qu’il a cofondé l’association Une Bouteille à la Mer, connue pour ses campagnes photo choc, comme celle où Kilian Jornet court au milieu d’une décharge. « Mon arme, c’est l’image. Le sport m’a tout donné, c’est par le sport que je parle d’environnement. »

Crédit : Une Bouteille à la Mer

Le paradoxe du trail : aimer la nature mais la faire voyager

Le trail se veut sport de pleine nature, pourtant il participe lui aussi à la crise. « Sur un ultra, 98 % du bilan carbone provient du transport des participants et du public », souligne Xavier.
Avions, voitures, hébergements : les kilomètres avalés pèsent bien plus lourd que les quelques ravitaillements zéro déchet. Certaines courses limitent déjà le nombre d’inscrits, mais la solution ne peut pas être uniquement réglementaire. « Mieux vaut convaincre que contraindre », plaide le glaciologue. « Sensibiliser les coureurs est plus durable que les interdictions qui provoquent des réactions de rejet. »

Des gestes simples… mais décisifs

La première action est à la portée de tous : courir local. « On valorise le manger local, pourquoi pas le courir local ? » sourit Mathieu.
S’entraîner près de chez soi, privilégier le train ou le covoiturage pour les compétitions, soutenir les événements qui proposent des transports bas carbone… Chaque choix compte. Xavier cite l’exemple du Marathon du Mont-Blanc, qui réserve des dossards aux participants venus en transport collectif : « Il faut multiplier ces initiatives pour que la mobilité devienne une fierté. »

Changer notre rapport au sport est tout aussi crucial : « Est-ce qu’on court pour collectionner des médailles ou pour le plaisir d’être dehors ? » questionne Xavier. « Se détacher des codes qui valorisent l’exotisme est une clé pour continuer à pratiquer tout en respectant les limites planétaires. »

Crédit : Wider

Un combat collectif, pas une privation

Malgré l’urgence, ni Xavier ni Mathieu ne prônent une écologie punitive. Leur credo : protéger pour continuer à profiter.
« Ce que nous voulons, c’est que dans 50 ans, on puisse encore skier, grimper, courir dans ces montagnes », affirme Mathieu. « Il ne s’agit pas de renoncer, mais d’inventer de nouvelles manières de pratiquer. »

Pour les athlètes de l’équipe de France de trail, cette rencontre a résonné comme un rappel : le plus grand défi ne se joue pas seulement sur les sentiers, mais dans notre capacité à préserver le terrain de jeu qui les accueille.

🌱 À retenir

  • Les glaciers européens ont déjà perdu près de 40 % de leur volume depuis 2000.

  • Le transport des coureurs et spectateurs représente l’essentiel du bilan carbone des grands événements.

  • Courir local, privilégier les transports bas carbone et soutenir les organisations responsables sont des leviers immédiats.


Suivant
Suivant

En immersion avec l’Équipe de France de Trail, objectif Canfranc 2025 !